DINA BELL A COEUR OUVERT.
par Dorine Ekwè,
Le chanteur présente ses projets et parle de sa passion pour la musique.
Le 15 mars dernier, vous avez accompagné le chanteur Papillon lors de la célébration de ses 15 ans dans la musique. On ne vous voit pas beaucoup sur les scènes depuis quelque temps...
J'ai souvent joué dans les cabarets de la ville de Douala même s'il est vrai que je n'ai pas basé ma carrière sur les spectacles que je fais au Cameroun. Dans la plupart des cas, je les donne en Europe où les choses sont mieux structurées. Je le dis mais ce n'est pas pour dénigrer les scènes camerounaises. Je me souviens, à une époque, j'ai fait le tour des provinces du pays. A cette époque là, j'étais allé jusqu'aux coins les plus retirés pour pouvoir satisfaire mes fans. Je suis près à reprendre l'initiative.
A ce propos, vous annoncez pour le mois de juillet, une tournée nationale baptisée "les nuits du slow"...
C'est vrai mais, le projet n'est pas encore totalement finalisé. Il faut que certaines choses soient mises au point du côté de l'organisation parce que ce n'est pas moi qui ai eu cette initiative. Il y a plusieurs autres chanteurs qui y prendront part. C'est un gros concept qui, nous l'espérons tous, aura un maximum de succès.
Les albums se font désormais rares, les sorties également. A quoi se résume votre carrière actuellement?
Vous savez, la musique, c'est la seule carrière que j'aie. Je ne pense pas pouvoir vivre sans cet art. Mon dernier album, je l'ai sorti il y a deux ans. J'ai été découragé de voir que trois mois plus tard, il était sur le marché des pirates. C'est démoralisant. Je me suis consacré depuis ma jeunesse à la musique. J'ai progressivement fait mon chemin dans ce domaine et je pense que, je peux m'exercer dans d'autres domaines. Ce que je fais d'ailleurs. J'ai mis sur pied un studio d'enregistrement qui a lancé ses activités il y a quelques temps. Actuellement, on n'en n'est qu'à sa phase expérimentale avec des chorales mais je ne compte pas m'arrêter là. Je souhaite enregistrer le maximum d'artistes possibles. Je compte également me lancer dans la production et ce sera l'occasion pour moi d'enregister les albums de mes poulains.
Vous profitez du vide qu'il y a dans le domaine de la production pour vous lancer dans les affaires?
Non, pas nécessairement. C'est vrai que cela me permettra de gagner de l'argent mais ce n'est pas que ça. Je compte plutôt, à travers ce studio d'enregistrement et ma maison de production, aider les jeunes artistes camerounais. Je crois que c'est l'une de nos missions à nous les adultes. Il faut que nous leur montrions le chemin. C'est à cette tâche que je compte me consacrer désormais.
Plus d'albums alors?
Du tout. Il ne faut pas le prendre ainsi. J'ai plusieurs textes que j'ai déjà écrits. Je peux les enregistrer à n'importe quel moment, mais je pense qu'il ne suffit pas de sortir des musiques juste pour le plaisir de le faire. C'est plus sérieux que l'on ne le pense.
C'est en 1980 que l'on vous découvre avec "Yoma Yoma". Etes-vous nostalgique de cette époque?
Je garde de très bons souvenirs de cette époque même si à certains moments, j'ai quelques regrets surtout dans la façon dont ma carrière a été gérée dès le départ. La sortie de mon premier album n'a pas été de tout repos mais, il n'y a pas que ça. J'ai par contre de très bons souvenirs lorsque je pense à mes compagnons de route de l'époque. Je veux parler de Toto Guillaume, de Ngallé Jojo, de Joe Mboulè, de Ben Decca. C'est toute une autre histoire de la musique camerounaise.
Qu'est-ce qui caractérisait cette époque là?
Les gens prenaient les choses avec une autre philosophie. On prenait du temps pour rediger nos textes, il y avait une sorte de concertation. J'ai l'impression que c'est cela qui manque le plus aujourd'hui. Désormais, on a l'impression que tout le monde y vient avec le désir de se faire connaître et avoir la grosse tête. Ce n'est pas que cela la musique.
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Source Mutations 2006.
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