BONA SAWA

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DOUALA UNE VILLE QUI RESPIRE A PEINE.

 

 

Douala : ville abandonnée à elle même ? (26/10/2005) 

 

La capitale économique du Cameroun avec ses 2,5 millions d'habitants, ressemble de plus en plus à une ville abandonnée...

 

 Par Par Jean-Célestin Edjangue 

 

 

 

La capitale économique du Cameroun, avec ses 2,5 millions d'habitants, ressemble de plus en plus à une ville abandonnée. Les commerçants, réparateurs de véhicules et bien d'autres débrouillards, s'installent comme ils l'entendent, où ils veulent.

 

Qui gouverne la ville de Douala ? La question, pour provocatrice qu'elle peut paraître, n'en est pas moins pertinente. Il n'y a qu'à arpenter les rues de la cité portuaire ou ce qui en tient lieu pour s'en convaincre. De Bonamoussadi à Bassa en passant par Akwa, Deido, Bali, Bonapriso ou encore New-Bell et Bonabéri, les trottoirs et des pans entier de la chaussée sont envahis par des commerçants de tous gabarits. Ici, ce sont les marchandises entassées dans un porte-tout " pousse-pousse ". Là, les mêmes espaces dans les mêmes proportions sont occupés par des " braiseurs " de toutes sortes : poisson ou viande, plantain vert ou mûr, patate douce ou pomme frite. Et comme si cette occupation irresponsable de la chaussée ne suffisait pas, les débits de boisson ont cru bon de s'installer le long des trottoirs tant à l'intérieur des quartiers de la capitale économique du Cameroun que sur les grands axes et boulevards. Certaines grandes surfaces ont rallongé leurs vérandas. Ajoutant un peu plus à l'image chaotique que traîne la ville de Douala depuis plusieurs décades maintenant.

 

Le comble, c'est qu'au milieu de cette anarchie, on trouve toujours quelqu'un pour vous rappeler qu'il ne s'est pas installé à la devanture d'une villa cossue par hasard : " J'ai reçu l'autorisation temporaire d'occuper la place. Le document m'a été remis officiellement par les services compétents ", répond une jeune femme qui vend des produits alimentaires du côté de l'avenue De Gaulle à Bonanjo. Le problème, c'est que depuis quelques années les communes d'arrondissement et la communauté urbaine prélèvent une nouvelle taxe auprès de ces commerçants : l'Otvp (taxe sur l'occupation temporaire de la voie publique). Un véritable passeport pour l'anarchie et le désordre urbain observés. Les différents magistrats municipaux veulent, à n'en pas douter, une chose et son contraire : lutter contre l'insalubrité et l'argent des insalubres. 

 

Triste sort

Dans un entretien sur une chaîne de télévision privée camerounaise, il y quelques semaines, le colonel Edouard Etondè Ekoto, délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala tentait de justifier l'état de délabrement avancé de la ville à la fois par une croissance démographique galopante et une insuffisance de moyens pour mener des actions d'envergure : " Les problèmes que l'on peut rencontrer dans une ville petite ou moyenne sont multipliés par X quand il s'agit de Douala qui a un taux d'accroissement démographique de cent mille habitants par an. " Soit. Est-ce pour autant qu'il faut se complaire à laisser la ville s'enfoncer chaque jour un peu plus au risque de la voir n'être plus que l'ombre d'elle-même ? La Communauté urbaine de Douala manque-t-elle à ce point d'agents pour nettoyer au propre comme au figuré, ces commerçants qui finissent par s'incruster définitivement sur les trottoirs et des parties entières de la chaussée, repoussant les piétons sur la chaussée et les véhicules sur une portion de la route restante ? A un moment où tout le monde s'accorde à reconnaître que Douala " la rebelle " n'a plus tellement de routes dignes de ce nom, force est de constater que le premier magistrat de la ville a choisi de réhabiliter les terre-pleins comme s'ils constituent la priorité des usagers de la route. Curieux choix alors que les populations du poumon économique du Cameroun ont d'autres priorités : " Quand le colonel Etondè Ekoto a été nommé à la tête de la communauté urbaine de Douala, je me suis dit que notre ville va enfin pouvoir changer de visage. Je nourrissais tellement d'espoir sur la venue de ce militaire de carrière Aujourd'hui, j'ai comme l'impression qu'il est complètement dépassé par les évènements et qu'il doit gentiment être remercié. ", témoigne Henri Ekongolo qui est natif de Bonamikengué comme l'actuel délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala. Sa déception n'en est que plus grande encore.

 

Douala, autrefois surnommé " La Parisienne ", avec ses jets d'eau au lieu dit Douche municipale à Bonadibong et à Bonanjo, l'éclairage la nuit de tous les axes routiers mêmes secondaires, les trottoirs uniquement réservés aux piétons et les commerçants qui respectaient encore leur statut, ne conserve plus que ses beaux souvenirs d'antan pour continuer à survivre. Et ce n'est pas le projet Sawa Beach déjà controversé qui à lui seul y changera quelque chose.

 

En attendant que le capitaine du bateau Douala reprenne vraiment en main les commandes de cet immense bâtiment ou qu'on lui trouve un successeur, force est de relever que Douala ne mérite pas d'être abandonnée à ce triste sort. 

 

Source : Le Messager 

 



09/08/2006
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