BONA SAWA

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Honoré Njimé : A chaque génération les challenges de son temps

Honoré Njimé : A chaque génération les challenges de son temps

 

La dédicace de son ouvrage, Le Défi -Ecrins de vie de Ngand'a Kwa a eu lieu hier à Douala.

 

Propos recueillis par Dippah Kayessé , fev.2008

 

Vous avez procédé hier à la dédicace de votre ouvrage ; Le Défi, quelle en est la trame ?

Le Défi est une biographie consacrée au souverain des Akwa, Ngand'a Kwa. Mais, c'est aussi une tentative d'analyse de cette période riche en enseignements, en réalisations, en challenges, d'où le titre de ce livre, Le Défi. Pour moi, c'est un appel que je lance à travers les lignes. Pourquoi hier cet élan conquérant? Pourquoi hier, cette tentative de recherche d'une osmose avec le monde économique occidental? Et, pourquoi aujourd'hui, subir uniquement sans prendre des initiatives, sans chercher des solutions appropriées. J'ai essayé de mettre en exergue cette période pour inviter les jeunes générations africaines à essayer de relever les challenges de leur temps. J'ai préféré un style direct simple au lieu des analyses universitaires ce qui permet à tout le monde de le lire avec beaucoup de simplicité.

 

Vous parlez d'une période riche en réalisations… à quoi cela renvoie-t-il?

 

A cette époque il y avait une tentative d'intégration économique avec un ordonnancement des échanges, avec une détermination des lieux d'échanges et de la nature des échanges tout cela en liaison avec l'Occident. On sentait la nécessité et l'utilité de s'intégrer dans l'économie mondiale. C'est la période effectivement où l'on passe de la traite négrière -dans laquelle où tout le monde sait que les populations du Littoral ont joué un rôle intermédiaire -vers le commerce légal, ce que j'appelle dans l'ouvrage le Vieux Cameroun qui va prendre sa place. Au- delà de l'économique, il y a eu une ébauche d'organisation politique qu'il ne faudrait pas analyser sous le modèle de l'Etat napoléonien très centralisé. Non, c'est un ensemble de pays, pays Banen, Ewodi, Bulu, Bakoko… qui acceptent de s'associer pour donner lieu à une organisation très importante à cette époque, le Ngondo, mais que malheureusement la colonisation va progressivement essorer. Je reviens beaucoup là dessus parce que peut-être qu'aujourd'hui il n'en reste que des relents culturels alors que dans la première moitié du 19e siècle, le Ngondo avait un élan politique fait de deux choses, l'unité et la fraternité des peuples.

 

Qui était réellement Ngand'a Kwa à qui vous faites la part belle dans votre ouvrage?

 

Ngand'a Kwa était un jeune Duala né dans la communauté Akwa et qu'en réalité rien ne prédestinait à la direction de cette principauté. Dés son jeune âge, il a révélé des qualités athlétiques et intellectuelles hors du commun. Ceci étant, il a été repéré par les conseillers du King Bell, à l'époque roi du Cameroun tout entier. King Bell a souhaité que Ngando vienne dans sa cour pour qu'il en fasse un page. C'est ainsi que Ngando est allé dans la cour de King Bell à Bonabéri où il a passé son adolescence et s'est par la suite marié. Ayant appris auprès de King Bell, il s'est révélé un extraordinaire stratège pour ensuite prendre la destinée de la principauté d'Akwa, Bonambela. Ceci des suites de la vacance de pouvoir qui était entre les mains de la dynastie Kwan à Bonéwonda. Ngando s'est imposé ensuite au- delà du canton Akwa comment l'un des leaders charismatiques à la fois de l'intégration politique et économique du Vieux Cameroun.

 

Alors, quels enseignements pour les générations présentes et futures?

 

Dans le monde actuel, le Cameroun et l'Afrique doivent pouvoir trouver leur place. Nul n'ignore tout ce que nous avons en termes de défis de développement à relever. Seulement, pour se développer il faut savoir qui on est et d'où on vient. Après tout nous ne réussirons à nous développer que si nous confectionnions un modèle adapté à nos réalités. Je ne suis pas certain que nous réussirons à nous en sortir en appliquant des modèles formatés d'ajustements structurels. Il est donc fondamental à mes yeux de revisiter le passé parce qu'il comprend des enseignements forts et toujours constants. Ce qui est arrivé il y a 150 ou 200 ans peut être encore en train d'arriver aujourd'hui ou arrivera encore demain sous des formes diverses sans doute. Mais, il y a une constance dans l'histoire qu'il faut essayer de saisir. En faisant un travail sur cette période j'ai essayé de montrer comment la génération de nos parents et grands- parents a su identifier les défis de son temps et je souhaite que les générations africaines identifient à leur tour les défis de leur temps. Et qu'ensuite elles élaborent les modèles de solutions qui prennent en compte leur histoire, leur environnement, leur culture, leur être…

 

Source:quotidienmutations,2008



07/02/2008
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