LE GENERAL BENAE NOUS A QUITTE
, 4 JANV. 2007
© Rémy Biniou, Le Messager
Paul Biya perd un autre fidèle parmi ses fidèles lieutenants. Après René Owona et Tsanga Abanda, entre autres, le président de la République de plus en plus esseulé.
L'hôpital général de Yaoundé a connu une ambiance particulière hier soir vers 22h. Une ambiance effervescente marquée par des pleurs et l'émotion liés à la perte subite d'un homme : le général de brigade Blaise Bénaé Mpecké. La dépouille du chef d'état major particulier du président de la République a été mise à la morgue dudit hôpital vers 22h 30, en présence des pontes du pouvoir. Selon des témoignages glanés sur les lieux, le collaborateur du chef de l'Etat en matière militaire aurait été victime d'une attaque (cardiaque ?). Il séjournait dans son village natal. D'où il a été ramené d'urgence à Yaoundé, avec à son chevet l'assistance de certains médecins. Malheureusement, il n'a pas tenu le coup.
Une sortie de scène presque inattendue pour ce digne fils Batanga. En effet, le général Bénaé Mpecké ne présentait pas manifestement de problèmes de santé urgents. Le jour de l'an, à l'occasion de la fête des armées, il a participé à des réjouissances populaires. On l'a par exemple vu chez son aide de
Un homme de confiance s'en est allé
La disparition du général Benaé Mpecké est surtout une grosse perte pour le président Paul Biya. Qui en avait fait son homme de main depuis le coup d'Etat manqué d'avril 1984. Pour mémoire, Benaé Mpecké, alors colonel, aurait été l'un des grands acteurs de l'échec dans la tentative de déstabilisation des institutions républicaines. Depuis, il n'avait plus perdu l'estime du président Biya. Entre autres récompenses, Paul Biya en fera son chef d'état major particulier, avec en prime le grade de général de brigade.
Son rôle auprès de son mentor, selon toute vraisemblance, n'était pas seulement celui connu officiellement. Certaines langues lui prêtaient de grands pouvoirs surnaturels. Il les tenait notamment de ses origines Batanga. Ce qui en faisait un personnage à la fois craint, redouté et respecté. La légende de la " bagarre mystique " entre le général Bénaé et Titus Edzoa n'avait-elle pas fait des gorges chaudes dans les chaumières du pays ? C'était à la veille de la présidentielle de 1997. Selon la même légende, le général Bénaé avait gagné – au prix des efforts surhumains –- le combat face à son redoutable adversaire. La suite, chacun y va de son imagination.
Le général Bénaé Mpecké était par ailleurs un homme attaché à ses
Né en 1930, Blaise Bénaé Mpécké était lauréat de la deuxième promotion de l'Emia (Ecole militaire interarmées). Parmi ses camarades de promotion encore en service, il y a le général de division Nkoa Atenga et les généraux de brigade Taka Songola Gabriel et Dagafounanssou Simon Pierre. Un homme pluridimensionnel s'en est donc allé. Une bibliothèque vient de brûler. Un baobab s'est déraciné. Aujourd'hui, à la cérémonie de présentation des vœux à Paul Biya, le vide laissé par ce grand monsieur sera éloquent. Ainsi va la vie.
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