BONA SAWA

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LE PHENOMENE SOCIAL DES BETUTA CHEZ LES SAWA BATANGA

 

LE PHENOMENE SOCIAL DES BETUTA CHEZ LES SAWA BATANGA

Mpeke Mu Ntonga, Peuple Batanga.org  09 Jul 2006 

 

Le peuple Batanga comme la plupart des peuples Sawa du Cameroun se caractérise par une organisation sociétale qui existe bien avant l'apparition des occidentaux sur les bords du Wouri et sur les côtes du Sud et du Sud ouest du pays. Il est influencé par certaines valeurs séculaires qui restent ici les éléments fondamentaux qui permettent de maintenir un certain équilibre et cohésion dans la société. L'un de ces éléments fondamentaux est le phénomène non moins populaire des associations d'âges encore appelé Bétuta. Les Bétuta ont traversé des époques. Elles restent plus que jamais, l'une des preuves de l'héritage ancestral démontrant la capacité qu'avaient les ancêtres Sawa Batanga à créer des structures permettant de maintenir l'équilibre dans les sociétés traditionnelles. Nous vous entraînons par cet article dans les méandres de la société traditionnelle Batanga pour découvrir un genre de vie qui perdure dans le temps malgré les interdictions des précédents régimes.

 

Avant tout, voici une approche de définition des Bétuta, leurs objectifs/buts, leur mode de fonctionnement, et leurs impacts dans la communauté Batanga aussi bien que leurs perspectives d'expansion.

 

Définition des Bétuta:

Les Bétuta chez les Sawa Batanga sont des associations d'hommes et femmes de mêmes âges vivants dans le même village, groupement, où la même ville. Ce sont des organisations traditionnelles qui existent depuis des temps immémoriaux, initiés par l'élite ancestrale. Elles ne discriminent pas mais plutôt favorisent l'intégration dans la société. C'est aussi le signe de l'entrée dans la vie adulte pour les jeunes adolescents où ont lieux les premières initiations à la vie sexuelle.

 

Les Objectifs des Bétuta :

Les Bétuta ont pour objectif premier, le maintien de la cohésion sociale des clans et groupements du peuple Batanga et leurs voisins immédiats (Bakoko, Mabéa, Ngumba, Iyassa, Badjeli  Bulu...) Elles sont aussi un moyen de renforcement de la solidarité et la maintenance de ce qui restent de valeur traditionnelle après que l'invasion culturelle occidentale ait forcée par le truchement de la religion chrétienne a abandonner la production traditionnelle artisanale (masques et autres formes d'objets d'usage quotidien pour le maintien et le développement de la société). Les Bétuta, ont aussi pour mobile de renforcer le sentiment d'appartenance à un groupe de personnes, du même peuple nées au cours d'une même année. Chez les Batanga, ces associations sont sacrées, car elles régulent la vie dans les communautés et mieux, elles sont l'expression d'une affirmation identitaire Batanga.

 

Leurs modes de fonctionnement de Bétuta:

 Il n'y a pas de réelle limite d'ages pour se constituer en Étuta. Au cours des vingt dernières années ont a assisté a la constitution des Bétuta de l'âge de 15 ans et même plus bas que cela. En fait, les jeunes adolescents de même âge se réunissent et décident de choisir un leader et de donner un nom à leur groupe d'âge. Il faut remarquer ici que la tradition veut que ces leaders de groupe aient démontré un sens de responsabilité ou d'intelligence par leurs idées et leur démonstration de solidarité envers les moins expressifs. Il faut aussi que les noms de groupes aient une définition positive qui projètent le groupe dans l'avenir. Il existe par exemple des associations d'âges qui se dénomment « Mabiya » etc. etc. « Mabiya » veut tout simplement dire les sagesses. La chose la plus importante pour les Bétuta est sa dénomination, pour cela, des sérieux débats ont lieu pour choisir ce nom qui permettra au groupe de se déployer dans le temps en donnant à ses adeptes un sentiment commun de fierté et d'appartenance. Les Bétuta ont évolué et aujourd'hui fonctionnent comme des associations lois 1901 tout en gardant leur aspect traditionnel qui veut qu'on ne s'exprime ici qu'en Banoho, Batanga ba Nda, Bapuku ou Bapuhu, Iyassa et voire même Mabéa, Ngumba, Bakoko, qui sont des langues Batanga et des langues des villages amis (es) environnants avec lesquels se sont toujours nouées des relations cordiales et de partages. Tous les membres des Bétuta, selon la tradition s'appellent Mola ou Molé avant le nom propre de l'individu a qui on s'adresse. Par exemple, Mola Ntonga. C'est une forme d'accentuation des rapports qui a la force de garder respect et l'estime de l'autre. Mola c'est aussi une marque d'affection. Le tout avec des slogans qui redynamisent permanemment le groupe. La modernisation des Bétuta a vu la création des bureaux exécutifs avec à la tête un bureau plus étendu comportant à sa tête un président, ou présidente, un ou une secrétaire général puis des commissaires aux comptes pour des associations qui peuvent s'en offrir.

 

Dans les Bétuta des moins âgés, l'organisation est basique et restreinte à un, deux, ou trois leaders. Il y un président ou une présidente puis un secrétaire ou une secrétaire générale puis des membres. / Au cours de ces séances on débat aussi des sujets qui touchent le développement de l'association et de ses membres. Mais le plus souvent, les sujets sont axés sur les préparatifs des fêtes telles que le Febuary et le Mayi qui sont l'apothéose annuelle de chaque association d'ages qui occupent une place égale a celle des autres associations sans discrimination d'âges. Les associations d'âges (Betuta chez les Batanga n'ont pas beaucoup évolues. Elles restent basées sur les vieux objectifs de soutien psychologique au moment des difficultés d'un des membres tels que les décès et aussi de soutien au moment de réjouissance tels que les naissances et mariages. Le soutien est moral et matériel. Matériellement il se caractérise par une collecte de fond par les membres et qui est donné au membre ayant perdu son parent ou ayant eu un nouveau né dans sa famille. Au cours des dernières années, les Betuta se sont modernisés assez légèrement en abordant progressivement l'aspect d'action d'aide au développement des membres en offrant aux membres les plus démunis des fournitures scolaires pour leurs enfants etc.

 

Les séances des Bétuta se tiennent tous les samedis dans l'après midi chez un des membres du groupe après un calendrier pré établis. Le membre qui reçoit le groupe prépare son domicile pour accueillir cette importante réunion. La réunion commence par un ordre du jour qui aborde les sujets clés du groupe. Plu tard les débats se terminent sur un dîner.

 

le Ebanjéa et Méonde. Un met traditionnel fait a base de poisson frais, de citron, de piments, d'ail et accompagner avec des Méondo (la patte de manioc fermentée emmaillotée dans des feuilles de plantes forestières et bouillie dans de grandes casseroles). La partie festive est donc rythmée par des chants traditionnels, créer par des membres ou par des chansons anciennes voir même celles créer par les groupes de plus âgés. Le Mbaya qui est une dense traditionnelle Batanga est alors exécutée avec prouesse pour clôturer cette séance. L'essentiel étant de donner à la fin de la séance sa réussite pour le membre qui reçoit le groupe. Dans la soirée du samedi à Mboamanga, les Bétuta se prolongent parfois et sont généralement le théâtre de scènes de denses Mbaya dans les gargottes et bars pour les adultes, dans la rue pour les moins jeunes et dans une atmosphère de fête et de respect de la vie et de la personne des autres. 

 

Chez les Sawa Batanga, les Bétuta, restent un élément sacré du maintien de l'équilibre et la cohésion de la communauté et du peuple tout entier. Les Bétuta transcendent les problèmes de familles, de clans de tribus car ils sont régis par la seule volonté de renaître, continuer ensemble, voir la vie du bon côté n'eut été la misère et la souffrance. Elles ont permis aux Sawa Batanga de survivre des moments les plus difficiles de leur existence. Aujourd'hui, le peuple Batanga paye encore cher le prix de la perte de certaines de ses valeurs identitaires traditionnelles, néanmoins, les Betuta, restent les lieux où s'émeut et se reconstruit la fierté du passée et la conservation de ce qui reste de plus chers; ce simple sentiment d'appartenance a un groupe d'amis (es) et d'un peuple avec lesquels (elles) ont célèbre la vie.  Les Bétuta ont encore de très beaux jours devant eux. Mieux, certains pensent déjà a leur modernisation ou encore adaptation avec les besoins de notre temps. L'idée qu'elles s'occupent un peu plus de l'action sociale et d'aide au développement est essentielle et a encourager. Certains Bétuta offrent des aides financiers aux écoles des villages Batanga de Kribi. Néanmoins, il serait encore plus encourageant de voir ces associations d'âges de types traditionnels devenir des réels acteurs de la revalorisation et de la régénération culturelle de la société Sawa Batanga. Ce ci peut aussi avoir l'avantage de donner plus de dynamisme aux deux célèbres fêtes commémoratives des Batanga qui sont le Febuary et le Mayi. C'est une équation difficile d'autant plus que certains Sawa Batanga choisissent de vivre en ville ou les denrées pour créations artistiques sont rares ou chers. Il y a tout de même une piste chez les Sawa Batanga tout comme chez les autres peuples Sawa qui vivent dans les villages et ou peuvent s'initier des programmes de développement culturel qui encouragent la création artistique variée en se servant de la dynamique des Bétuta, qui sont un vivier culturel a potentiels énormes. Les associations d'âges des Sawa Batanga sont un socle indestructible dont les racines sont profondément encrées dans les moeurs.

 

Si aujourd'hui, les Sawa Batanga sont fiers de se retrouver entre hétérogènes tendances claniques sans problèmes majeurs, ils le doivent beaucoup aux associations d'âge qui aident à garantir une certaine solidarité et un certain débat social Batanga qui vise à l'entraide immédiate et aux réjouissances. Les Bétuta, restent le plus fort élément de rattachement aux valeurs traditionnelles qui restent au peuple Sawa Batanga. Les Bétuta, plus qu'une résistance culturelle, rappèlent que tout a été ravagé mais pas l' âme, la conscience du peuple Batanga qui reste une source de sagesse ancestrale Sawa et Bantu qui se doit d'être sans cesse régénérée pour un développement plus effectif. 



16/12/2007
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