BONA SAWA

BONA SAWA

Mémoire : Un dictionnaire pour les noms sawa

Mémoire : Un dictionnaire pour les noms sawa


L’auteur, Moïse Albert Ekwalla, soutient que porter les noms des autres participe de l’effacement culturel de l’Afrique.
Jean-Bruno Tagne

On se serait cru sur les berges du Wouri le 21 septembre dernier au Centre culturel français (Ccf) de Yaoundé. La cérémonie de dédicace du " Dictionnaire de 1500 noms sawa " s’est transformée en véritable rencontre culturelle des peuples de la côte littorale du Cameroun. Dans cette salle du Ccf, les hommes ne passent pas inaperçus avec leurs pagnes noués autour des reins et les femmes arborent leurs célèbres " kaba ". C’est le son du tambour et la voix mélodieuse des chanteurs qui rythme les échanges entre l’auteur, Moïse Albert Ekwalla, et le public venu nombreux au Ccf.

Le Dictionnaire de 1500 noms sawa est un ouvrage qui contient des noms sawa, leur signification et leur portée symbolique. L’auteur soutient que le nom d’un individu peut permettre d’avoir une idée de sa personnalité, tout comme il peut avoir une influence positive ou négative sur celui qui le porte. A titre d’exemple, une personne qui s’appelle Makaki et dont le symbole totémique est l’âne est susceptible d’être quelqu’un de têtu. Les Essombè quant à eux, ont pour symbole la jeunesse alors que les Kinguè sont traditionnellement des personnes de bonne moralité. Tout au long de l’ouvrage, des explications sont données sur 1500 noms originaires de la région du littoral camerounais.

L’ouvrage est divisé en 3 parties, dont la première comporte 400 noms sawa d’usage courant, la deuxième partie, elle, renferme 1100 noms qui ont existé mais ont disparu de os jours et la troisième partie rassemble les traités signés par les dignitaires sawa de 1840 à 1900.
Il s’agit pour Moïse Albert Ekwalla, d’exhumer à travers son ouvrage, les patronymes locaux qui ont disparu au contact avec le colonisateur et le christianisme. Comment nier également l’impact des médias à travers des téléfilms qui ont influencé les Africains dans le choix des noms de leurs enfants. "Phalonne ou Falonne vient de phallus. En donnant un tel nom à votre enfant, il va de soi que vous le prédisposez à une vie légère ", soutient l’auteur.

Médias
Moïse Albert Ekwalla estime que l’assimilation des noms venus d’ailleurs est une sorte d’effacement culturel de l’Afrique au profit de l’Occident qui, pour asseoir sa domination, détruit la culture africaine. Toutes choses, poursuit l’auteur, qui font de "nous " des " déchets culturels ".
En publiant le Dictionnaire de 1500 noms sawa, ce fonctionnaire du ministère des Finances et enseignant de fiscalité à l’Université de Douala a voulu tirer la sonnette d’alarme. Il affirme qu’à l’heure actuelle, les originaires de l’Afrique sub-saharienne sont les seuls à utiliser les noms des autres, à parler les langues des autres et à utiliser les monnaies des autres.

"Les prétendus prénoms du type Moïse, Simon, Paul, Joseph ? Marie ? Marthe et j’en passe, sont en réalité des noms ayant appartenu aux juifs bon teint. Il va sans dire que nos langues de communication administrative sont étrangères ", ajoute-t-il.
Le Dictionnaire de 1500 noms sawa est, selon l’auteur, le fruit de 15 années de recherches et de 3 années de travail soutenu. Le principal reproche qu’on peut faire au livre de Moïse Albert Ekwalla, qui plus est un dictionnaire, est de n’avoir pas utilisé la phonétique pour transcrire les noms. Or le sawa est une langue à ton. Le Dictionnaire de 1500 noms sawa est en vente à Douala à la librairie Matila et à Yaoundé à la bibliothèque de la faculté de théologie à Etoa Meki.

Source :Mutation



28/09/2006
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