BONA SAWA

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JEAN BIKOKO: LES BEAUX JOURS DE L'ASSIKO

 
 

Jean Bikoko : les vieux jours de l'assiko

Par Yves Atangana, le 20.06.2006

Rencontre avec un chanteur diminué physiquement et empêtré dans des problèmes avec la justice.

Trouver Jean Bikoko à Eséka, c'est un peu comme chercher le pape à Rome. " N'importe qui va vous amener chez moi ", a rassuré le chanteur, bien conscient d'être dans son fief. Confirmation une dizaine de minutes plus tard. Sur le " bend-skin " qui parcourt les rues goudronnées, puis la bretelle en terre du chef-lieu du Nyong-et-Kelle, le conducteur sait exactement où il va. Le deux-roues s'engage ensuite entre les maisons du quartier Adna, situé en contrebas de la gare-voyageurs, puis s'arrête net. " C'est là-bas au fond " ! Traduction : tout le monde descend.

On le comprendra plus tard. L'endroit n'est pas particulièrement recommandé aux véhicules. Nous avons atteint la zone marécageuse. Et tandis que le "bendskineur " repart en trombe, c'est avec une petite inquiétude que l'on s'engage dans cette partie du quartier sans vie. On nous a pourtant rassuré : c'est là qu'il vit. A la descente de moto, le décor change. La mince voie qui mène jusqu'au fameux fond est pavée de morceaux de planches humides et instables à cause de l'eau. Le visiteur s'engage donc prudemment, toujours sans rencontrer âme qui vive, puis parvient au bout du chemin.

Et là, triste découverte : le " domaine " de Jean Bikoko. De l'eau partout, et des planches pour poser les pieds. Deux chiens apparemment affamés qui vont et viennent sans inquiéter, ni même rassurer l'étranger un peu déboussolé par le spectacle. Trois cases totalement dépourvues de luxe se dressent dans la vase. L'une d'elles — visiblement la cuisine — laisse échapper de la fumée. Une enfant d'une dizaine d'années en sort. "C'est bien ici chez Jean Bikoko ? ", "Oui ! ". Toujours pas rassuré, le visiteur poursuit : " Il est là ? " Et l'autre : " Oui, il est dans le salon ". Et il montre du doigt la plus sinistre des bâtisses, avant de s'engager sur les planches qui y mènent, invitant son interlocuteur à le suivre. A l'intérieur, l'homme qui a entendu des voix sort la tête. Une tête que l'on ne tarde pas à reconnaître.

Il est là. C'est un homme visiblement diminué par l'expérience qu'il vient de vivre. 15 jours derrière les barreaux de la prison à Edéa pour une sombre affaire d'escroquerie. Simplement vêtu d'une serviette jaune autour des reins, Jean Bikoko devant son téléviseur, tente de s'égayer l'esprit en regardant les matches de la coupe du monde de football. Autour de lui, des trésors de guerre d'une carrière riche : pochette d'albums, posters, photos, vieux appareils électroniques hors d'usage… Petites civilités et l'entretien peut commencer.

Source Cameroun Tribunes, 2006


20/06/2006
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