BONA SAWA

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Vie quotidienne : Douala, la grande désordonnée

Vie quotidienne : Douala, la grande désordonnée

 

Par Jean-Célestin EDJANGUE

 

 

Porte d'entrée de l'Afrique centrale, c'est aussi une capitale sous-régionale du chaos.

 

Ville cosmopolite par excellence, Douala semble complètement crouler sous le poids d'une démographie galopante : 100. 000 habitants par an! Les rues de la cité, même celles de quartiers les plus reculés, sont truffées de boutiques et commerces sans compter les comptoirs ambulants. Mais qui s'installent de plus en plus définitivement, munis ou pas d'une autorisation : la fameuse taxe d'occupation temporaire de la voie publique (Otvp). Akwa, le centre des affaires et centre commercial le plus fréquenté du poumon économique du Cameroun, mais aussi Bonanjo, le centre administratif ou encore New-Bell, Bépanda, Ndokoti, ces quartiers populeux qui ont poussé comme des champignons ces dernières décennies, présentent tous le même tableau hideux de cette métropole, porte d'entrée de l'Afrique centrale.

Braiseurs de poisson par-ci, boucaniers de viande par-là, vendeurs de friandises ou de babioles ici et là, il n'y a malheureusement pas que les Rues de la joie qui participent au désordre de la ville de Douala. Elles contribuent toutes à banaliser ce désordre, à institutionnaliser l'incivisme et à favoriser une sorte de libertinage. Passer entre 18 heures et 8 heures du matin du côté du Rond-point Nkongmondo, devenu aussi depuis quelques mois " Rue de la joie ", à Shell New-Bell, Bonapriso, Bali ou Deido, trois autres quartiers dont la réputation des " Rues de la joie " n'est plus à faire, et on mesure l'ampleur du désastre. Bruits de toutes sortes, mélange de senteurs malodorantes, encombrement des voies…Et même des devantures de domiciles : " Un jour, raconte une femme cadre dans une grande compagnie d'assurance de la place, du côté d'Akwa, je rentrais d'une journée harassante de travail. Je trouve qu'une bonne femme a installé son petit commerce à l'entrée de la porte centrale d'accès. Je lui demande si je peux passer avec mon véhicule, elle me présente un document attestant qu'elle a le droit d'occuper le lieu à titre temporaire ". La femme en a eu les bras qui sont tombés.

 

Incivisme, insalubrité, insécurité

Dans ce capharnaüm qui donne à Douala l'image d'une cité sans loi, bien des questions se posent sur les responsabilités des uns et des autres. Qu'est-ce qui explique que Douala soit comme un bateau à la dérive, où ni le capitaine ni les équipages ne maîtrisent plus le cap ? C'est probablement à la fois l'incivisme et l'indiscipline généralisés. Indiscipline des habitants qui, peut-être parce qu'ils viennent d'horizons si divers, ont du mal à avoir un comportement qui épouse les exigences d'une vie urbaine. Indiscipline également des différents pouvoirs qui se chevauchent dans de la cité portuaire. Indiscipline enfin de structures variées dont chacune se bat d'abord pour son bien-être et non pour celui de l'ensemble de la collectivité. Tout cela empêche la ville, même si elle grandissait selon un plan préétabli, d'avoir un développement cohérent et agréable. Comment en effet œuvrer en faveur d'un développement harmonieux d'une ville dont les populations sont surtout caractérisées par le manque de volonté à observer les règles minimales communes de vie ? Ou par des gens qui n'acceptent guère la moindre codification contraignante visant à organiser l'espace social de vie ? Combien sommes-nous à respecter un feu de signalisation quand il est rouge ? Combien de débits de boissons ferment exactement à l'heure indiquée ? Combien de personnes pensent à jeter un mégot éteint de cigarette dans une poubelle quand il y en a une ? Et que dire de ceux et celles qui, non contents de transformer la voie en porcherie, ont fini par en faire des toilettes publiques à ciel ouvert. Une vraie honte pour l'image de la cité et de ses habitants.

Certes dans la plupart des cas, les feux de signalisation ne fonctionnent qu'à titre exceptionnel. Les poubelles et autres bacs, quand ils sont installés, ne sont que rarement vidés aussitôt pleins. Quant à la voie publique, qui depuis belle lurette n'a plus de trottoirs, elle est régulièrement occupée par des marchands ambulants. Poussant les piétons se partager la chaussée avec les véhicules à moteurs en circulation ou en stationnement. Et tant pis pour l'insécurité que cette situation crée.

 

 

 



09/08/2006
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