BONA SAWA

BONA SAWA

KAÏSSA, LA REVELATION DE LA MUSIQUE AFRICAINE DU DEBUT DU 21 EME SIECLE

                                         

 

KAÏSSA, LA REVELATION AFRICAINE DU DEBUT DU 21 EME SIECLE.

 

Entretien réalisé par Mpèkè Mu Ntonga. A. août 2007 BNS TVR

 

Bona Sawa TV Radio: BONASAWANAUTES! Elle est parmi nous! Elle nous parle de son nouvel album qui est déjà dans les bacs et qui vaut l'acquisition. Elle nous parle aussi de sa carrière, de la famille Sawa, du leader Duala Manga Bell et des prochaines étapes de son aventure musicale. Kaïssa, nous vous l'avions déjà dit c'est une beauté Sawa comme nous en avons, qui n'ont pas que de la voix mais aussi une réflexion active. Je veux dire intelligente. Elle répond donc aux questions que nous lui posons ici dans Bonasawa TV Radio, l'Espace Sociale en Ligne des Peuples du Grand Sawa. Nyango Kaïssa, Massoma!

 

KAISSA: Na som djita onyola ébolo binyo lo ma bola no!

 

BNS TV Radio: Bien évidemment c'est nous qui sommes ravis de vous savoir parmi nous. Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, qui est Kaïssa?

 

KAISSA: je suis née à Yaoundé, ngoka de dix frères et sœurs. Je suis installée à new York depuis dix ans. Je suis Ewodi. Bussua Bèrè de part ma mère, née Hermine Makollo Edimo (couturière et nièce du Pasteur Lotin'a Samè), et Bwènè de part mon Feu père Maurice Doumbè Moulongo (auteur de nombreux ouvrages  entre autres, le « Ngondo »et  « Les coutumes et le Droit au Cameroun »).

Ce riche héritage m'a offert l'amour de la culture, de l'histoire et de l'art en particulier.  Après de courtes études de Droit à l'Université de Nanterre, (pour faire plaisir à Papa qui rêvait de me voir avocate au barreau de Douala), je suis devenue choriste dans diverses émissions de télé: Guy Lux Cadence 3, Champs Elysées, Sacrée Soirée, Les Années Tubes, Salut Manu. Les séances de studios, concerts et tournées ont suivi et je n'ai jamais plus regardé en arrière. Je me considère extrêmement fortunée et bénie d'avoir travaillé avec des artistes extraordinaires et d'exercer aujourd'hui le métier que j'aime. J'utilise ma musique pour exprimer l'amour, dénoncer l'injustice et l'oppression, célébrer ma culture, créer un peu de sérénité dans un monde agité, donner du plaisir, inciter à la réflexion et bien sûr offrir  du simple mais oh combien nécessaire « Ngando » à mes auditeurs. J'ai deux frères bassistes Raymond Doumbè Moulongo (ancien chef d'orchestre de Miriam Makeba, maintenant avec Manu Dibango) et Frédéric Doumbè Moulongo, qui m'ont beaucoup inspirée.

 

BNS TV Radio: Restons dans le contexte familial. Tous les Sawa qui en ont  conscience commémorent la mort brutale de nos leaders Duala Manga Bell, Madola Henri, Samba Paul et les autres leaders Camerounais lors de l'occupation coloniale Allemande. Vous êtes particulièrement touchée par cette commémoration, avez-vous un mot pour ce que ça représente pour vous?

 

KAISSA: Je suis très intéressée par l'histoire, plus précisément celle de l'Afrique (Je suis une Panafricaine convaincue), et encore plus précisément par l'histoire de mon peuple Sawa. Le  7 Août au soir j'ai rajouté sur mes sites

 http://www.kaissa.com/ http://www.myspace.com/kaissa1

Une photo, deux biographies, ainsi que des liens en Anglais pour mes fans anglophones sur Tét' Ekombo  Duala Manga Bell et tous nos héros, connus ou inconnus qui ont payé le prix ultime afin de dénoncer, de se battre contre les abus et atrocités commises par les colons. Afin que nous soyons libres! Je souhaitais leur  rendre hommage. Plusieurs amis et inconnus surtout ici aux USA  et un Sénégalais vivant à Dakar m'ont contacté via email après avoir lu mon hommage à Tét' Ekombo !

C'est notre DEVOIR, de commémorer les nôtres, d'informer le monde, et surtout la jeune génération qui ne sait rien de notre riche patrimoine, de notre histoire. Je dirais même que beaucoup d'adultes ne la connaissent pas non plus… C'est notre DEVOIR de parler de la souffrance, de l'humiliation, du vol matériel, spirituel, de l'oppression que nous avons subit. Je pense que cette histoire, la VRAIE, pas celle que l'on  nous a imposée du genre: « nos ancêtres les gaulois… » devrait être enseignée dans nos écoles. En attendant moi je la chante comme je peux.

 

BNS TV Radio: Vous ne pensez donc pas comme certains que c'est du passé ; qu'il faut tourner la page?

 

KAISSA:  L'histoire ne peut et ne doit être cachée, ni tronquée, ni oubliée ! Le passé ? Oui,  qui a déterminé et continue aujourd'hui de déterminer notre présent, notre décapitation, nos problèmes, nos…la liste est longue, je n'en finirai pas. Je suis aussi une personne pacifiste et positive : je ne prônerai jamais la violence, la haine, le séparatisme… mais après  un trauma il y a un processus de guérison qui je pense passera aussi par :

 

1-La reconnaissance et réparation de la part des puissances occidentales, du mal, des souffrances, des vols, des viols, des humiliations qu'elles ont commis. (Je suis une « Réparatrice » convaincue)

2-La connaissance, l'étude de notre propre histoire. Le Sawa, l 'Africain est fondamentalement hospitalier et capable de se tourner vers le futur, de s'adapter, de se guérir et d'utiliser la douleur et la transcender en « Positivité ».

J'ai des amis et « soul brothers and sisters » de toutes origines et races. C'est çà pour moi tourner la page, c'est çà la finalité. Transformer cette souffrance en force et positivité. Se connaître mieux permet aussi d'accepter l'autre. Mais tout cela passe par un pro-ce-ssus !

 

 

BNS TV Radio: Quelle est votre observation de la grande famille Sawa en ce 21 eme siècle avec l'avènement de l'Internet?  Je ne parle pas que des artistes, mais en général.

 

KAISSA: Tout d'abord, encore une fois je vous félicite pour la création de ce site ! Vous n'avez pas idée de l'enrichissement, la stimulation, la joie, la motivation qu'il me procure ! Bien que j'ai quitté le Cameroun il y a plus de trente ans, j'aime mon « Mboa » il est en moi. Certains m'appellent « congelée, mukala »…Bon c'est vrai ma maîtrise de la langue d'Ewalè laisse un peu à désirer… mon Ewodi est top par contre ! Mais mon bon ami de Camerfeeling, Sango Bwanga Ekwalla aka dit « Deïdo Boy » m'a depuis orientée sur DualaSun http://www.studentsoftheworld.info/sites/divers/584.php

Merci Lily, Duala longo lé pibo ! Mais Ayooooo, si l'on faisait des concours du genre qui est plus Kmer que l'autre » ? Hummm…Je m'arrêterai là J lol.

 

Sérieusement, de loin et de plus en plus près, (grâce à l'Internet) je suis témoin  d'une renaissance, d'une prise de conscience, d'énergies bouillonnantes, de projets constructifs, d'espoir fort  et enfin d'une réelle volonté de se « Réunir ». Le cordon ombilical va se refaire.

J'aime à dire que « Dia diwo di si ma kaka dibomba ».Je suis enfin capable de lire des interviews du Roi Ekwalla Essaka, articles de Sango Valère Epée

 ( Ebèlè Wei) les posts de plusieurs membres sur les sites variés que je visite.

Je vois un progrès formidable !

 

BNS TV Radio: Qu'est ce que vous déplorez en ce moment, ce que vous aimeriez voir changer ou se renforcer dans le Sawaland ?

 

KAISSA:  Dans toute construction ou plutôt reconstruction, dirai-je, il y aura des luttes intestines. Il est donc important de renforcer, et que tous et toutes nous acceptions ces NECESSITES :

 

-De dialogue : Maman m'a toujours dit que en communiquant paisiblement avec l'autre je saurai éviter plusieurs incompréhensions et békwadis) Tellement vrai ! J'en ai fait l'expérience tant de fois… en tant que leader de mon groupe, en tant que femme noire à l'étranger. Nous en avons tous des exemples. « Dibiè le ndé djangui »

 

-D'union : Un ami musicien à New York partageait avec moi une histoire vraie. Les musiciens d'un groupe très connu ne s'entendaient pas du tout…Ils se haïssaient même (et çà ne rigole pas ici, hein ? Armés jusqu'au dents !) Lorsqu'ils se produisaient sur scène, vous en pleureriez de bonheur tellement ils étaient en parfaite symbiose… Cet  ami ne m'a pas dit s'il y eût un cessez-le-feu, moi ce que je retiens de cette histoire c'est qu'ils ont crée ensemble, une musique qui reste dans la prospérité ! « Bakala na bakala ba si ma wutamè tamba… » 

 

BNS TV Radio: Que pensez vous  de l'idée d'une solidarité du Grand Sawa prôner ici dans BonaSawa TV Radio ?

 

KAISSA: J'applaudis !  Je vous ai découvert au travers de mypsace, lorsque je suis tombée sur le site de Sango Eko Roosevelt, que j'aime beaucoup et qui m'a tant inspirée dans ma carrière! Je suis ici à New York City, vous à London et nous communiquons, échangeons, richement. « Ebimbè ndé é tubi diwoto »

 

 

BNS TV Radio: Pensez vous qu'il soit important que les Sawa se regroupent  en organisations, lobbies etc. pour faire fructifier leur patrimoine culturel au lieu d'en laisser le soin a des véreux qui le spolie et le dénature au passage?

 

KAISSA: je vais répondre à votre question en deux points .Comme je le disais plus tôt, il est ESSENTIEL de s'unir et d'échanger les « dibiè ». Toutes sortes d'organisations doivent être crées, sur tous les continents où la diaspora se trouve. Il y a des choses, idées et suggestions et projets auxquels moi personnellement je ne penserai pas, et que d'autres frères et sœurs  sauront  suggérer ! Voilà encore « Dibiè lè ndè djangui ». En même temps je suis très « terre à terre » Lobbies, organisations, oui mais il faut agir sur du concret. Je travaille depuis le mois d'Avril sur un projet d'aide alimentaire, de dons de vêtements, de médicaments et de livres. Je devais me rendre avec mon groupe et donner un concert au festival Massao de Douala, ceci malheureusement ne s'est pas fait…Bon une autre fois. Je suis invitée en Décembre prochain par Terre D'Espoir une ONG crée par une jeune Gabonaise ! J'y apporterai aussi ma contribution. 

 

« Les véreux qui spolient notre culture et la dénaturent » ?  Je ne sais pas de qui et de quoi vous parlez véritablement…

 

Mais je répèterai ceci : le savoir, l'enseignement, la connaissance de notre histoire est « TRES » importante. Je l'ai dit plus haut, l'histoire ne peut être changée, la vérité saura toujours resurgir!

N'est-il pas un FAIT, une réalité que Sango Duala Manga Bell a été pendu  le 8 Août 1914 ? Que certains doutent de ses véritables intentions et de son sacrifice…Hum mm…Ouai ! L'histoire le démontre ! Nous avons notre histoire orale, nous avons des historiens, qui ont écris abondamment.

Après m'être produite en concert dans une salle comble à Puerto Rico au mois de Mai dernier, (Apparemment je suis la première femme Camerounaise à s'y être produite) plusieurs de mes spectateurs, marqués par ma chanson Essimo, et assoiffés d'histoire, correspondent avec moi. Ils sont curieux et veulent en savoir plus sur l'histoire de Mon Mboa !

Je sais qu'à mon humble niveau (et je me permets de parler aux noms de plusieurs musiciens et artistes installés ici), nous représentons fièrement et faisons fructifier dignement notre patrimoine au travers de notre art.

 

 

BNSTV Radio: Parlant de nous justement qui sommes ici dans l'outre atlantique et qui passons énormément de temps à nous équiper et même que certains sont déjà équipés d'habilités pratiques et académiques, crois-tu que nous pouvons faire la différence par apport à la misère qui sévit dans nos familles Sawa?

 

 

KAISSA: Absolument ! J'aime à dire « There are so many solutions » C'est une des choses que j'admire chez les Américains. Il n'y a pas de problèmes, mais que des solutions ! Un jeune ami, Moukoko souhaite créer une association à Douala utilisant l'art pour aider les jeunes. J'y apporterai tout mon soutien ! Nous pouvons et devons comprendre que chacun déjà à son niveau et dans son domaine peut faire la différence.

 

BNS TV Radio: Donnez-nous quelques propositions ici.

 

KAISSA: Encore une fois, le peuple Sawa  a toujours su  faire preuve d'hospitalité de fraternité, de générosité. Je propose un forum spécifique nommé « SOLUTIONS »: venons tous et toutes y proposer solutions et suggestions uniquement ! Malgré les problèmes de transport, je travaille déjà sur les projets suivants :

1-Aide alimentaire.

2-Dons de vêtements

3-Dons de livres

4-Dons de médicaments. La malaria doit être éradiquée.

 Autres solutions/ suggestions :

1-La transmission de notre patrimoine

2-La préservation de ce dernier.

3-La création d'évènements culturels ou encore mieux de centres culturels.

Nous devons continuer de communiquer avec nos sages, basango na banyango basu et apprendre plus de notre histoire.

 

Aux frères et sœurs qui sont sur place au pays, médecins, psychologues, éducateurs : Offrez votre temps ! Une heure par semaine ? Dieu seul sait que la misère matérielle cause des désastres psychologiques… Un encadrement pourrait faire des miracles. Professeurs, musiciens, médecins, peintres, informaticiens, « Nous pouvons tous faire énormément pour les nôtres » !

Di bolanè mabiè na ndol'a su o jongwanè banè !

 

BNS: Parlons de Musique. D'abord vous chantez avec les grands et par après vous voila en grande en train de voler de vos propres ailes.  Parlez nous de votre parcours.

 

KAISSA: Oui, je disais plus tôt que je me sens bénie d 'avoir travaillé et surtout d'avoir appris auprès de musiciens phénoménaux : Salif Keïta, Diana Ross, Manu Dibango, Jean-Michel Jarre, Césaria Evora, Papa Wemba et beaucoup d'autres moins connus ou pas connus. Mes musiciens, de toutes origines, qui m'accompagnent depuis 10 ans maintenant. Toutes ces personnes et ces expériences de tournées autour du monde depuis plus de 15 ans ont façonné ma carrière !

Mon premier Cd « Looking There », (je travaille sur le deuxième) est distribué par Sony BMG dans toute l'Afrique australe et océanique.  Il va bientôt être distribué en France et au Mboa.

 

 

BNS TV Radio: Enrichissant! Vous êtes aussi votre propre manager. Pourquoi ce choix? Besoin d'indépendance ou simple capacité personnelle vous permettant de faire ce que d'aucuns considèrent comme étant un domaine réservé aux initiés….

 

KAISSA: Pas tout a fait. Mon mari et moi me « manageons » ! Cela a aussi été un concours de circonstances :

 

1-le monde du show biz n'est plus le même. Les artistes ne sont plus signés comme auparavant. La musique est un business les chanteuses très jeunes de préférence très dénudées…

2-La musique Africaine, n'est toujours pas « totalement » reconnue aux USA. Les Miriam Makeba, Hugh Masekela et Manu Dibango nous ont ouvert les portes il y a plus de trente ans. Les Angéliques Kidjo, Youssou N'Dour et d'autres sont bien établis, mais bien sûr il y a du boulot sur la planche. Les « quotas », nous musiciens Africains en sont  toujours victimes …

 

3-Plusieurs managers, labels etc.… que j'ai rencontré seront par exemple « amoureux de ma voix », mais resteront indécis car ils ne savent pas comment  « vendre, marketer ma musique… », ou alors ils  la trouveront « trop typique ». J'y ai finalement trouvé un avantage. Je suis libre, je choisis de parler, d'aborder des sujets qui me tiennent à cœur. Je suis indépendante artistiquement  et je dirais même spirituellement. Je suis surtout indépendante matériellement. CD na mwandisè no, moni mwam mu! Ha! Ha! Ha!

 

BNS TV Radio: Nous avons pu vous mettre à l'épreuve dans BNS TVR et votre rapidité et votre professionnalisme nous ont impressionné. Vous managez comme une grande. Avez-vous appris à l'école ou dans le tas?

 

KAISSA: Ndutu nya léyè kanè !

Ecole ? Que neni…Je disais tout à l'heure que le Sawa sait s'adapter. Nos mères et nos pères nous ont appris la rigueur, l'amour du travail bien fait. Mon héritage familial m'a offert cela.  « Ce que tu peux faire aujourd'hui, tout de suite, ne le remets PAS à demain ! » ma mère m'a toujours dit, O si bè sualuké…Les USA aussi sont un exemple impressionnant au niveau de l'efficacité, Il y a compétition et stimulation ici, vous rencontrerez des musiciens incroyables qui  travaillent comme chauffeurs de taxis, baby sitters etc.…Lorsqu'ils viennent sur scène ils ont la rage. La rage de bien faire. J'apprends  chaque jour de nouveaux moyens d'améliorer ce que je fais.

 

BNS TV RAdio: Et du coup Looking There roule comme sur des roulettes dans les blogs interactifs, radios et TV dans le monde. Ici dans Bonasawa TV Radio c'est un succès mondial qu'on prédit. Ca vous rassure ?

 

KAISSA: J'ai depuis six mois un agent artistique Américain formidable, qui me trouve des concerts, négocie « dur » mes contrats. Résultat, de plus en plus de concerts à Singapour, Allemagne, Pologne, Puerto Rico, plusieurs festivals aux USA. Le mois prochain,  je serai au Pérou, Vénézuéla, Colombie, Gabon et déjà des dates en 2008.

Effectivement plusieurs radios, sites internets, télé m'offrent une bien indispensable promotion.

Je dois ajouter que depuis votre article dans Bona Sawa et aussi Camerfeeling, Peuples Sawa et d'autres sites. Je reçois chaque jour des emails de Camerounais basés en Afrique du Sud au Japon etc.…me félicitant et m'encourageant, et c'est bien sûr énormément gratifiant d'être apprécié des siens ! Ebolo é dia !

 

 

BNS TV Radio: Essimo! Parlons donc de Looking There votre dernier album. Dites nous  comment vous est venu l'idée de ce concept musical? Parlez nous aussi de sa thématique.

 

KAISSA: « Looking There » est un rêve d'enfance.  Un devoir de mémoire à mes ancêtres ! Je regarde, j'observe. Je regarde mon « Mboa » avec mes yeux d'immigrée…. Je rêve du Mboa de mon d'enfance, un Mboa qui n'est plus…ou mieux,  qui renaît !

Cet album a été entièrement enregistré à la maison, (encore le besoin d'indépendance). Nous avons mon mari et moi un studio d'enregistrement high tech, entièrement, équipé de Pro-Tool entre autres.

J'y exprime mon amour pour les miens, vivants « Joy » ( je remercie ma mère pour le don de la vie, et l'amour qu'elle nous a donné); ou morts « Sangw'am » , dédié à mon feu Père,  Eyoum, dédié à mon cher feu frère Eyoum Jean Georges Doumbè Moulongo.

Dans « Aléa So », j'y exprime ma joie de chanter dans mon « mboko » et d'apporter un temps soit peu ma joie aux autres.

« Senga » : Senga maléa ! Valable pour tout le monde ! En restant ouverts nous pouvons allons capter, comprendre et voir ceci ou cela d'un autre point de vue. Dibiè lé ndé djangui.

Ma foi « Ombwa tè » Lambo na lambo nja, di va ja bolanè to di sara di o yindèlè ki di mèndè o bolanè ! Je suis convaincue que croire à ses rêves, en y travaillant dur, les visualiser, on opère des miracles.

 

BNS TV Radio: Quelles sont vos tendances musicales dans ce travail si réussi? Je ne veux pas parler d'influences qui est un peu réducteur pour les artistes.

 

KAISSA: Merci pour les compliments. Mes expériences musicales m'ont offert une grande variété et ouverture musicale. Je suis une personne très curieuse, aventurière et surtout libre. J'aime essayer des choses de manière tout à fait spontanée. On y retrouve du Makossa, Reggae, Bolobo, Bikutsi, Funk et même des sonorités d'Afoché Brésilien. Je considère toutes ces musiques comme faisant partie de mon patrimoine ! J'ai de nouvelles chansons, pas encore enregistrées (qui figureront sur le prochain album) quand mes auditeurs les écoutent ils me demandent…Oh, c'est du reggae çà ? Je leur dis non, c'est de l'Essèwè ! C'est vous dire d'où vient le Reggae… n'est-ce pas ?

 

BNS TV Radio: Si je vous disais que "To Ndje" me trempent les yeux et me donne des vibrants battements de coeur? Pour vous dire que vos émotions y sont et contagieuses! Etait- ce le but du jeu?

  

KAISSA:  To wèni na mala no, na ma wassa ndé Mboa, Mboa !

Hum mm…Je l'ai co- écrite (Patrice Bihina a crée le beat, moi, mélodie et paroles) à un moment de « passage à vide » ici à NYC. Je vivais un éssossodi, (nostalgie) un nyongui (envie) de mon Mboa, (le pays) de ses odeurs, sa musique, ses makalla ma mbassi, le son de la voix de ma grand-mère, le Collège Libermann et mes amis d'enfance…Le déracinement, comme seuls les immigrés peuvent ressentir…Un mboa de l'enfance, de l'innocence. Oui je pleurais quand je l'ai écrite. Je peux dire que vous l'avez bien captée alors…

 

BNS TV Radio: "Essimo" une chanson pleine de tradition…

 

KAISSA: « Di yamanè é di yamanè é na di mèndè sura di long lasu to i bè ndi kwéli di yamanè ééé !

J'y fais un rappel historique, j'y dénonce les abus coloniaux, massacres de nos hommes de bonne volonté, nos héros. Je pose des questions : « O dina la ndjika loba mo, binyo lo kom no maya massué ? » les abus des puissances actuelles, leur interventionnisme constant dans les affaires des autres…Essimo m'a aussi été inspiré par le film de Sembène Ousmane sur les "Tirailleurs" du camp de Thiaroye dont le seul "crime" fût de demander leur dû!

C'est surtout un cri de ralliement ! Essimo ! Bisso bèssè o bosso !

 

BNS TV Radio: "O si keka" c'est une merveille ! Qu'est ce qui vous a inspiré à l'instant de la conception du chant? Une fois de plus vous avez fait appel à un autre de nos cousins Africains des Caraïbes…

 

KAISSA: Oui Jahdan qui vient de la Guyanne y chante le rap.

« O Si kéka », la chanson préférée de ma feue sœur Denise Mpacko, née Sarah Denise Doumbè Moulongo (qui a travaillé plus de 30 ans à la Camair)

Un thème bien universel ; qui n'a pas vécu la trahison, le « kongossa » les ragots et rumeurs qui font mal,  qui sont initiés par ceux là même que l'on croyait des amis… ? Sachons apprécier l'amour, l'amitié.

 

BNS TV Radio: "Big Brother". Croyez vous qu'il soit utile que nous nous rapprochions plus de nos cousins Africains D'Amérique, les enfants de nos ancêtres, je veux dire? Parlez nous de vous et Stevie Wonder.

 

KAISSA: Big Brother je l'ai écouté la première fois en 1975 ou 76. la beauté et l'émotion de la voix de Stevie…m'ont toujours émue. Son message est encore plus profond. J'ai eu l'extrême bonheur de  le rencontrer (photos sur mon site) en 1998 à l'occasion des trois concerts donnés à Cap Town, Durban et Johannesbourg  pour les 80 ans de Nelson Mandela.

Il y a 30 ans Stevie dénonçait dans « Big Brother » les politiciens absolument pas concernés par le bien être de leur peuple, mais qui viennent seulement leur rendre visite pendant les élections. Y a t-il eu du changement depuis? Non. Nos frères d'Amérique du Nord et Latine, des Antilles ont beaucoup à nous apprendre, nous avons beaucoup à leur offrir aussi !

BNS TVR : Lire la suite et la fin de l'entretienen cliquant sur ce lien



27/08/2007
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