L'OCEAN EST UNE FEMME, DE NKOM MARIE GISELE.
Marie Gisèle NKOM présente son roman " L'océan est une femme".
Paris, le 21 Novembre 2003
© Cameroon-Info.Net
"L'océan est une femme" est le premier roman de Marie Gisèle NKOM, une passionnante histoire de femmes qui nous transporte d'un petit village du Cameroun vers le mythique et illusoire eldorado que représente l'occident; avec un détours poignant vers le Vietnam où on suivra les horreurs de la guerre...
Cameroon-Info.Net a rencontré l'écrivaine au restaurant Massaï-mara, qui nous parle de ce voyage romanesque où haine et amour constituent comme toujours le moteur des rapports humains.
Cameroon-Info.Net : Vous êtes une nouvelle venue dans le paysage littéraire puisque vous signez-là votre roman. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
M.G.Nkom : Je suis une camerounaise de 32ans, originaire du Nkam par mon père et de l'est par ma mère. Je suis maman d'un petit garçon et suis arrivée en France il y'a 4ans pour études, après une licence de lettres françaises obtenue au Cameroun. Je me suis installée à Lyon où je suis actuellement employée commerciale dans un supermarché.
Cameroon-Info.Net : Comment définiriez-vous votre roman et à qui s'adresse t-il ?
M.G.Nkom : Mon roman s'adresse au monde entier, c'est un appel intercontinental puisqu'il se passe sur plusieurs continents. Je mets en avant le métissage culturel qui sera peut-être la solution pour plus de paix,car aujourd'hui l'Amérique s'érige en juge et juré,la France a ses exigences,l'Afrique joue les victimes et l'Asie demande à ne pas être en retrait.
Cameroon-Info.Net : Que signifie le titre « l'océan est une femme » ?
M.G.Nkom : Le titre est une métaphore ; je compare la femme à l'immensité de l'océan parce qu'elle est comme lui profonde et mystérieuse, capable d'enfuir dans ses entrailles les secrets les plus lourds.
Cameroon-Info.Net : Vous abordez des thèmes aussi divers que la condition féminine,la guerre,le racisme,les inégalités sociales,la corruption,le poids de certaines traditions,la stérilité,les différences culturelles,l'immigration, etc.…lequel vouliez-vous particulièrement mettre en exergue ?
M.G.Nkom : Je tenais essentiellement à mettre en avant le poids des traditions et la condition féminine.
Cameroon-Info.Net : L'héroïne Nanga qui respecte même la pire de ses traditions ancestrales, choisit de quitter la France pour retourner dans son village assumer son rôle de « femme esclave ».A contrario, sa cousine Alouane a définitivement coupé les ponts avec cette tradition « machiste » et préfère demeurer à jamais en France malgré son manque de repères : laquelle est un exemple ?
M.G.Nkom : Je ne citerais aucune en exemple, parce que personnellement je n'aimerais être à la place ni de l'une ni de l'autre. Je tenais justement à montrer cette dichotomie entre celle qui fuit et ne trouve pas la liberté et celle qui reste mais ne la trouve pas non plus. Je demande justement une synthèse, c'est-à-dire ne pas totalement supprimer les traditions mais revoir la condition des femmes par rapport aux traditions parce qu'elles devraient avoir le droit de choisir celui avec qui elles vont faire leur vie.
Cameroon-Info.Net : Vous abordez avec Alouane le dilemme de l'immigration : impossible de rester en occident à cause des difficultés d'intégration ou du racisme, alors il vaut mieux rentrer au pays…oui, mais pour y faire quoi ? Que conseillez-vous aux immigrés d'une part et à nos frères restés au pays d'autre part ?
M.G.Nkom : J'aurais du mal à conseiller les immigrés parce que personnellement je ne sais quelle décision prendre. Ma seule certitude est que je rentrerai chez moi, si un jour j'ai la possibilité d'y trouver un travail ; je fais des démarches dans ce sens dans les ministères camerounais quand j'y vais pour les vacances. C'est ce que je pourrais leur conseiller, car il y'a une fuite de cerveaux dans notre pays, tout le monde veut partir alors que l'ailleurs n'est pas toujours l'eldorado qu'on croit, au contraire.
A nos frères du pays je conseillerais d'y rester, mais dans le cas où ils sont décidés à partir, qu'ils ne viennent surtout pas en aventure, parce que la désillusion est grande quand on débarque en occident.
Cameroon-Info.Net : L'histoire de Nanga ressemble à un conte de fées pour nous la génération Internet, et pourtant tout près de nous des femmes sont encore condamnées à mort pour adultère ! Quel regard portez-vous sur l'avenir de la femme en général et de l'africaine en particulier ?
M.G.Nkom : En fait je parle essentiellement de la femme dans nos villages, car les magazines parlent beaucoup de l'émancipation des femmes en Afrique qui s'épanouissent, volent de leurs propres ailes, or celles que je vois dans les villages n'ont aucun droit. La petite fille qui vit en campagne est condamnée à n'avoir aucune liberté et personne n'en parle. De la même manière Nanga est conditionnée par un système dans lequel sa mère, sa grand-mère et les autres ont vécu avant elle. Elle sait (puisqu'elle a été élevée ainsi) que son devoir à vie est de servir son époux, et choisit donc de retourner à cet état d'esclave.
Cameroon-Info.Net : Comment fait-on pour décrire avec autant d'aplomb une situation non vécue ? D'où vient votre inspiration ?
M.G.Nkom : Je n'ai peut-être pas vécu cette situation, mais je l'ai connue puisqu'il m'arrivait dans les années 80 d'aller dans le village de ma maman. Je me souviens d'une petite fille de 9ans avec qui je jouais à la poupée ; je suis revenue 2 ans plus tard, elle ne jouait plus à la poupée puisqu'elle avait un vrai bébé, un champ et un mari qui la battait tous les jours.
Cameroon-Info.Net : Vous dressez une passerelle entre deux cultures si différentes et semblables à la fois : l'esclave Nanga qui vit dans un petit village pauvre du Cameroun et l'esclave Khiem qui vit dans une luxueuse villa de la capitale du Vietnam pendant la guerre .Comment s'est effectué le travail de recherche pour la partie Vietnam ?
M.G.Nkom : Je me suis beaucoup documentée sur la guerre du Vietnam, et j'ai eu la chance d'avoir une amie asiatique dont l'histoire personnelle m'a inspirée. C'est une cambodgienne qui a grandi au Vietnam et est installée au Cameroun, et elle m'a confié ses inquiétudes quant à la façon dont sa famille allait accueillir son fils métis camerounais. Je me suis aussi intéressée à la loi de Bouddha qui dit que la femme doit obéissance à son père,son époux et son fils aîné…et mon imagination a fait le reste !
Cameroon-Info.Net : Il n'y a pas de chapitres dans votre roman, on part du Cameroun pour le Vietnam et vice versa assez brutalement, sans transition. Est- ce délibéré ?
M.G.Nkom : Oui, tout a fait. J'ai choisi ce procédé pour tenir le lecteur en haleine et l'obliger à lire tout le roman, car la pluralité d'histoires aurait pu le pousser à sauter des chapitres pour suivre uniquement son personnage préféré. De cette manière, il accepte ces interruptions car il ne sait à quel moment son héros ressurgit.
Cameroon-Info.Net : Quelles ont été vos influences littéraires ?
M.G.Nkom : Principalement Danielle Steel, j'aime le côté tragique de ses romans, avec toujours un espoir à la fin ; l'amour triomphe toujours malgré les tragédies de la vie.
Cameroon-Info.Net : Nous allons conclure notre entretien sur cette note d'espoir, un dernier mot pour nos internautes ?
M.G.Nkom : J'espère qu'ils liront et apprécieront ce roman ; et si non je recevrai avec plaisir leurs critiques afin de mieux préparer mon second roman qui est préparation et parlera encore des femmes, mais cette fois dans le milieu carcéral italien. Je leur souhaite une bonne lecture.
Cameroon-Info.Net : Nous vous remercions d'avoir choisi de vous exprimer sur Cameroon-Info.Net
M.G.Nkom : C'est moi qui vous remercie pour le soutien que vous apportez à la diaspora camerounaise.
NB : « l'océan est une femme » est disponible sur le site : alapage.com
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