BONA SAWA

LE 29 JANV. 2007

© Sévère Kamen, Le Messager 

Les obsèques du Général Bénaé sont venues soulever les passions des uns et des autres et créer un climat malsain autour de la cérémonie.

Les obsèques du général Bénaé Mpeke Blaise sont venues susciter beaucoup de débats au sein de la population kribienne de l’Océan. Au cours de l’attente du corps du défunt au carrefour de la plage de Ngoyé. Plusieurs personnes ont été les témoins des scènes sordides qui tournaient toutes autour de la sempiternelle querelle de leadership qui oppose les Batangas aux Mabi. Dans les pleurs et les lamentations, plusieurs batangas ont commencé à porter des jugements sur les chefs Mabi qui avaient payé, selon elles, un représentant d’une chaîne de télévision privée pour être aux premières loges lors des obsèques du général .Fait que d’aucuns ont pris comme de la provocation d’autant plus que ces chefs n’y étaient présents que comme invités et n’avaient donc pas de raisons de se trouver aux premières loges.

Certains ne sont pas allés pas quatre chemins pour déclarer que les Mabi étaient plutôt contents de la mort du général Bénaé. Car il se trouve que dans la querelle entre les deux peuples, les batangas ne damaient le pion aux Mabi que grâce à la présence du général Blaise Bénaé. “Ils sont fiers de la mort de notre général mais cela ne fait rien. Mais nous au moins, nous avions une élite qui faisait quelque chose pour son peuple. Mais eux , que font leurs élites pour leur village, rien ”, “Bénaé est mort, mais qu’ils sachent que, eux aussi mourront un jour ”, “ Même si le général n’est plus, ils pensent que nous n’avons plus de pouvoir ? ” pouvait-on entendre partout dans la foule.

Ce problème est d’autant plus grave qu’à la mort du Général Bénaé, certaines élites politiques et traditionnelles de la ville de Kribi ont accusé M. Grégoire Mba Mba, maire de la commune urbaine de Kribi, élite Mabi et principal challenger de Martin Bénaé, d’avoir sabré le champagne pendant trois jours à Yaoundé. Fait que ce dernier a balayé d’un revers de la main en trouvant qu’au moment où l’Océan pleure un digne fils, il est malvenu de rentrer dans les basses querelles égoïstes. Un autre fait majeur qui est venu créer la stupeur lors de ces obsèques est la cabale menée à l’encontre des journalistes d’une partie de la presse privée l’occurrence Le Messager et Mutations. Les représentants de ces quotidiens se sont vus interdire tout simplement l’accès à Mboamanga, sous peine de mort. Il leur est reproché d’avoir dit que le général était mort sur la plage et aussi que le pétrole se déversait dans la mer, toutes choses, disent-ils, qui sont venus salir la mémoire du général Bénaé et aussi l’image de la ville de Kribi au moment où on attendait des hôtes de marque.

Le message sera transmis fidèlement aux concernés par la voie de Daniel Ipoubato, l’homme de main de l’honorable Serge Bénae, un des fils du général. A la veille de l’accueil du corps du défunt général, les articles des journaux suscités feront l’objet d’une critique acerbe sur les ondes de la radio Beach fm autour d’une table ronde organisée par certains journalistes stagiaires y exerçant. Dans la matinée du jour de l’événement, c’est au tour de Mme Liliane Bobe, déléguée de la communication, de manifester cette humeur en refusant les badges d’accès à ces journalistes sous peine de “ subir les sanctions des gens de Mboamanga ”. Dans la soirée, c’est une véritable police qui va questionner d’autres journalistes pour savoir où se trouvaient ces journalistes dont le seul tort aura été de faire leur travail en annonçant les circonstances de la mort du général Bénaé et en disant que les plages de leur ville pouvaient être pollués par le pétrole qui se déversait dans la mer.

Le général Blaise Bénaé Mpeke repose maintenant en paix dans la terre de ses ancêtres.

Une si longue attente...

Le général de brigade Bénaé a regagné sa dernière demeure samedi dernier. Inhumé à son domicile au quartier Mboamanga. Le carrefour de la plage de Ngoye était noir de monde en ce jour de vendredi 26 janvier. Partout, on pouvait apercevoir ça et là des hommes, des femmes et des enfants en tenue traditionnelle Batanga ou en une autre tenue à l’effigie du général Benae Mpeke Blaise. Il s’agissait effectivement de l’attente du corps du défunt général dont l’arrivée était annoncée à 15 h. Sur les visages, on pouvait lire de la tristesse et du chagrin. D’autres femmes fondent tout simplement en larmes. La police régule la circulation et les membres de la Croix-rouge camerounaise distribuent de l’eau à la population. C’est la grande attente. A 15h30mn, on aperçoit une escorte à la queue de laquelle se trouve un véhicule mortuaire avec à son bord un cercueil et des fleurs. Tout le monde afflue sur le bord de la route et les femmes se mettent à se lamenter. Mais après quelques instants, on signale à la foule qu’il ne s’agit pas de la dépouille du général que transportait ce véhicule pourtant escorté par les autorités administratives, militaires et politiques de la ville. Les commentaires vont bon train sur le contenu de ce cercueil qu’on dit vide.

Le cortège qui avait plus de cent véhicules va choisir le chemin le plus court et ira au pas militaire. Sur son passage, on pouvait entendre des pleurs, des reniflements et des regrets. A Mboamanga, le corps ira directement à la maison communautaire (Ndabo itondi) pour les cérémonies traditionnelles où personne n’aura accès exception faite des hauts dignitaires de Batanga. Après plus d’une heure de rites, le corps sera transporté à l’Eglise Epc pour un culte funéraire avant de rejoindre “chambala” le domicile du défunt pour la veillée. Le lendemain samedi 27 janvier, une messe de requiem a eu lieu à la co-cathédrale St joseph de Mboamanga et ceci en présence de Remy Ze Meka, représentant personnel du chef de l’Etat, du vice-premier ministre, ministre de la Justice garde des sceaux ; de plusieurs évêques, des chefs militaires de haut rang, des ambassadeurs, des autorités traditionnelles, des invités de marque venus de divers horizons et d’une foule nombreuse.