Partage Authentique et édifiant de Charles Manga Ebonguè du groupe Essimo !!
Spécial Ngondo
Partage Authentique et édifiant de
Charles Manga Ebonguè du groupe Essimo !!
Proposé par Martha Dayas-Eyoum, Montage A.N.Mpeke 2007, BNS, TVR
Nous vivions à BALI, le lieu où les populations qui vivaient sur le plateau JOSS ont été contraints par les Allemands de s'installer. Et notre grand-mère, JIN EBONGUE qui s'occupait de notre éducation nous emmenait voir les festivités du NGONDO le 12 juillet de chaque année.
Nous étions 7 frères et sœurs, avec une différence d'âge entre l'aîné et le cadet de 15 ans, j'étais le cinquième de la famille et j'avais dix ans de moins que notre frère aîné, nous étions donc divisés en deux groupe : le groupe des aînés qui pouvait assister à toutes les festivités du NGONDO et le groupe des cadets qui n'avait droit qu'à une vue partielle des cérémonies. Je faisais parti du groupe des cadets, privé de la cérémonie de l'eau qui se passait tôt le matin sur les berges du fleuve WOURI. Est-ce à cause du caractère mystique de ces rituels effectués dans le fleuve ou à cause de la gestion compliquée de deux groupes d'enfants de générations différentes ? Notre grand-mère ne nous l'a jamais dit.
Notre NGONDO commençait alors lors de la procession qui était organisée après la cérémonie de l'eau qui se tenait vers l'ancien club nautique « Parallèle 4 ». Cette procession quittait les berges du WOURI pour la salle de fêtes d'AKWA en passant par les 3 grands villages qui constituent la ville de Douala c'est-à-dire NJOH-NJOH, AKWA et BONEBELA.
Nous nous levions donc pour voir la procession passer vers neuf heures du matin sur la rue René Joly actuelle rue Douala Manga Bell. On pouvait ainsi apprécier les différentes tenues traditionnelles que portaient les hommes et les femmes et en particulier les tenues des différents peuples du Cameroun invités à la fête traditionnelle la plus prestigieuse du pays, le NGONDO. Bien entendu, pour beaucoup de personnalités Douala, c'était le jour le plus important de l'année. Toute la ville allait les voir donc il fallait enfiler la plus belle tenue traditionnelle et se faire remarquer positivement. Le public allait même jusqu'à applaudir certains, donc c'était le jour où jamais car connaissant la plupart de nos notables, nous tenions un « Hit Parade » des personnalités les mieux habillées. Bien sûr, nos aînés se vantaient de faire parti de la procession alors que nous étions cantonnés à être spectateurs.
Le programme de notre journée était réglé comme une partition, après la procession nous allions nous habiller nous aussi en tenue traditionnelle et filer dès la fin du déjeuner vers la salle de fêtes d'AKWA avec notre grand-mère comme guide touristique. Par contre, nos aînés étaient déjà installés à la dite fête pour la journée munis chacun de son argent de poche qui était pour l'occasion une somme substantielle. En fait, contrairement à la cérémonie de l'eau qui avait un caractère mystique, révérencieux et quasi religieux, la suite à la salle de fête se devait d'être la fête païenne la plus osée de l'année. L'alcool coulait à flot, les danses étaient aussi engagée que celles des actuelles « RAVE PARTY » et ce que j'ai compris quelques années plus tard est que les messieurs et les dames étaient d'une légèreté digne du peuple de du peuple d'Israël lorsque MOÏSE descendait de la colline avec les dix commandements.
Donc, pour nous la visite était guidée par notre grand-mère qui nous faisait découvrir les différentes musiques et danses SAWA à savoir :
Ø Le NGOSSO chant d'incantation SAWA surtout pratiqué par les femmes,
Ø L'ESSEWE, plus physique qui mélange l'incantation à la transe,
Ø Et l'AMBAS BEY, moderne pour l'époque, un dérivé de
A cette période, le MAKOSSA trop moderne et inclassable n'avait pas sa place à la salle de fêtes d'AKWA.
Puis, notre grand-mère, JIN EBONGUE nous faisait voir les danses des autres peuples Camerounais invités à l'occasion. Je me souviens encore de la danse :
Ø Des BOTA du Cameroun Occidental (les SAWA de la zone anglophone du Cameroun située entre la ville de TIKO et la ville de LIMBE) qui présentaient un ballet très organisé et très classe.
Ø Des FOUMBAN de l'ouest du Cameroun avec des costumes très colorés et des femmes étrangement ressemblantes comme sorties d'un casting. Elles étaient toutes de teint clair, grandes avec des cheveux longs jusqu'au début des fesses. On aurait dis que le Sultan NJOYA les envoyait pour conquérir les SAWA de Douala.
Ø Des BAFIA du centre du Cameroun présentant les danses les plus physiques et les plus expressives de la fête, il fallait se bousculer pour voir ces femmes danser. L'indépendance entre chaque membre de leur corps était déconcertante, la chorégraphie était bestiale et osée pour l'époque. Chaque lobe fessier faisait son propre mouvement sous une musique endiablée. « C'est les meilleures ! » Nous disait notre grand-mère et nous réservait toujours ce spectacle pour finir la journée.
Ainsi se passait le 12 juillet de chaque année, notre journée de NGONDO une fois par an avec notre chère grand-mère, JIN EBONGUE. Plus tard, elle cessa de nous accompagner et nous fûmes promus dans le groupe des aînés c'est-à-dire ceux qui devaient participer à toutes les festivités dès 5 heures du matin jusqu'à 19 heures le soir. Je découvrais dans tourmente des festivités païennes de la salle de fête d'AKWA que les premiers émois sexuels de la plupart des jeunes se passaient ce jour là car le libertinage et le laisser-aller était à son paroxysme.
Ainsi sont les souvenirs que je garde du NGONDO de BETOTE AKWA (président) et de SAME DIN Richard (secrétaire général).
Charles MANGA EBONGUE
A lire Le NGONDO par MAURICE DOUMBE MULONGO
A écouter NGONDO par le groupe ESSIMO
http://www.myspace.com/essimopoetry
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