BONA SAWA

                        A TOI L'INVISIBLE DE LA-HAUT

T'ai-je assez appris,

Toi, l'invisible de la géhenne,

Invisible du paradis?

T'ai- je assez cherché ?

Toi, ce ressenti éthéré,

Qui t'émeus à l'autre versant de la montagne.

Toi, ce partout et nul part,

Voilé par l'épais brouillard,

Brouillés, les multiples chemins

Qui mènent à ton royaume.

Comment te chercherais-je?

Ils nous ont raconté

Ce qui faisait leur fonds de commerce.

Ils nous ont raconté leurs cauchemars,

Leurs fantasmes, leurs rêves.

Ils se sont proclamés en ton nom, prophètes;

Jurant de détenir la vérité,

La clé qui ouvre les portes de ton palais.

Aujourd'hui, je ne crois plus en ce commerce

Guidé par le secret désir d'esclavagisme en eux tapi,

Désir du pouvoir et de domination.

Tu vis quelque part, c'est certain.

Mais où, je ne sais que rien.

Tu es miséricordieux,

Est-ce pour ça, ces atrocités impunies,

Semant la confusion dans leur idéologie?

Fais- toi mot dans ma poésie,

Fais-toi verbe pour guérir les maux de ma conscience.

Fais-toi Libérateur.

Fais-toi DIEU!

L'invisible qui fait tournoyer la flamme

Des chandelles de mon âme.

Il se trouve qu'on aurait chacun un bout de toi,

L'essentiel de ce que nous sommes,

Entre donc dans mes mots pour me parler de toi,

De ton univers et de tes ministres...

Et si ce qui est en bas est comme ce qui est en haut,

Comme l'a écris Trismégiste,

Regardes-tu aussi tout autour de toi

Avec autant de détachement?

Mon sanctuaire s'est pris quelques doutes,

Ma conviction, un coup.

Mais en moi encore brûle cette flamme,

L'étincelle de lumière, cet écrin divin

Dans mon ventricule gauche,

Me projette très souvent (heureusement)

Vers les pas perdus

Du pauvre Christ, ton fils.

Paris, ce 30 mars 1996

Extrait du recueil de poesie intitule: Soliloques de l'Errance, South Winds Publishings ISBN  0-9541 922-0-6