SAM MBENDE: FAIRE PARTAGER NOTRE RAS-LE-BOL AUX CAMEROUNAIS
Sam Mbende : Faire partager notre ras-le-bol aux Camerounais
Le Pca de la Cmc et président de la Commission de recouvrement explique le recours au recouvrement forcé.
Recueillis par Ruth Joëlle Ngo Pallawo (Stagiaire Syfia/Jade Cameroun)
Pourquoi c’est maintenant que vous avez décidé, en tant que président de la Commission de recouvrement, de passer à la vitesse supérieure?
Chaque chose a un début. La première consistait à faire une campagne de sensibilisation qu’on a négocié pendant 18 mois avec les grandes entreprises. Après 18 mois, nous sommes passés à une notre une phase de sensibilisation et les entreprises étaient sensées se classer dans un régime déclaratoire c’est à dire on vous fait confiance et vous déclarez vous même si vous utilisez oui ou non les œuvres protégées sur la base de l’article 3 de la loi. Malheureusement, certains ont usé des mesures dilatoires. Cependant, je dois le dire, j’ai beaucoup de respect pour les juristes; J’ai beaucoup de respect pour les avocats mais je souhaite que ceux-ci se spécialisent dans le domaine de la propriété intellectuelle parce qu’ils ne vont pas se limiter à interpréter un texte sur les droits d’auteur alors qu’en réalité ils ne sont pas spécialistes dans ce domaine là. Par conséquent, ils devraient avoir l’humilité de dire à certains de leurs clients qu’ils ne maîtrisent pas ce domaine et qu’on fasse recours à juristes qui peuvent éclairer ces entreprises dans le cadre qui nous concerne.
La démarche employée est très critiquée par son caractère brutal et inopiné. Comment réagissez-vous à ces récriminations?
Vous pouvez trouvez l’action de la Cmc très artisanale mais je peux vous garantir que si j’envoie un agent de la Cmc aller recouvré les droits, ça n’aura pas le même effet que si c’est Grâce Decca ou Sam Mbende qui revendique directement les droits. Il faut avouer que la loi est tellement généreuse avec nous. Celle-ci, promulguée par le chef de l’Etat, nous permet nous-mêmes, les ayant droits, de défendre nos droits, au moins avec l’aide des officiers de police judiciaire (Opj), ou même des huissiers de justice, pour constater les infractions tout simplement. Mais notre présence est nécessaire parce que elle permet au Camerounais moyen, à l’opinion publique, de comprendre qu’il s’agit d’un combat pour la survie parce que pendant des années les artistes ont été dépouillés et apparemment il semble qu’il y a une autre loi qui n’est inscrite nulle part qui dit que l’artiste camerounais doit être pauvre. Moi je ne l’ai vu nulle part. Alors que dans certains pays les artistes vivent de leur art.
Beaucoup de camerounais oublient que les artistes camerounais sont chef de famille : voilà la veille de la rentrée, ils ont les mêmes problèmes tout le monde, ils doivent envoyer leurs enfants à l’école mais pourvu qu’on leur paie à leur juste valeur. Ce n’est pas une aumône qu’ils demandent. On a comme l’impression que les gens se prennent pour les mécènes, ils pensent que lorsqu’ils payent les droits d’auteur ils aident les artistes parce que les artistes sont pauvres. Moi je dis les artistes camerounais ne sont pas pauvres. Ils sont potentiellement riches et ils sont mêmes pertinemment les gens les plus honnêtes et certainement les plus riches au Cameroun. Et ce message que nous voulons partager c’est pour que les gens comprennent un peu le désarroi et le mal qui nous rongent depuis des années.
Jusqu’ où comptez- vous aller avec ce recouvrement forcé?
Vous savez lorsqu’on passe à une vitesse comme celle-là, le recouvrement forcé c’est d’abord comme la révolution c’est à dire une affaire de rupture et donc il y aura certainement des casses. Je le regrette d’avance qu’on nous ne pardonne. Pour certains, ça va paraître comme des vandales, pour d’autres, ça va paraître comme des brigands, des terroristes. Mais il faudrait que les Camerounais partagent avec nous le ras le bol.
Sources Mutations, 2007
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