Interview du Chef Supérieur Deido Essaka Ekwalla Essaka
Interview du Chef Supérieur Deido Essaka Ekwalla Essaka
Nous aurions souhaité vous servir un entretien avec le Chef Supérieur MBODI CONRAD de Bassa-duala, président d´Assemblée des Chefs. Nous avons plutôt eu une conversation avec M. Essaka Ekwalla Essaka, Chef Supérieur de Deido, porte-parole de cette assemblée. La cinuqntaine alerte, la vision futuriste de la mission, son idée sur le Ngondo et les desseins qu´il nourrit à l´endroit des siens est l´intérêt qui ne se dément point.
Manu Jemba: C´est un fait, le Sawa(Littoral côtier) est d´abord une entité géographique. Cependant, sur le plan culturel, on parle de Sawa comme people issu d´un même ancêtre. Que pensez-vous de ce bien familial? Les autres Sawa souscrivent-ils cette unite culturelle?
Essaka Ekwalla: Le Sawa en tant que people issu d´un ancêtre commun n´est contesté que par ceux qui voient dans un tel regroupement un danger par rapport à leur ambition souvent malsaines. Et puis les liens tissés artificiellement par les homes, par les vicissitures du temps ne resistant jamais aux épreuves; tandis que toute separation artificielle d´Hommes portent en eux des liens chromosomiques reste toujours une operation, les liens de sang étant dans ce cas têtus.
Le peuple Sawa de Manfé à Kribi, de la plaine des Mbo à Edea est UN, issu d´un ancêtre éponyme; c´est pourquoi, même sa jeunesse, qui n´aura pas connu la vraie vie de famille resent en lui cette appartenance. Et le fait que tout ce peuple ait répondu positivemment et dans l´enthousiasme générale à la reprise d´une manifestation depuis longtemps suspendue, est la prevue qu´il souscrit à cette unité culturelle.
M.J: Quelle signification revêt le Ngondo 1991? Qu´apporte-t-il dans un Cameroun résolument tourney vers le mode de vie occidentale?
EE: Quand des enfants ont été longtemps séparés, leurs retrouvailles revêtent toujours un caract`re solanel, mais aussi joyeux. Pour nous le Ngondo 1991 est la fête des retrouvailles pendant laquelle nous devons faire le point sur nous meme, et nous positionner face à un Cameroun résolument tourné comme vous le dites, vers le mode de vie occidental. Nous nous devons de faire des analyses profondes pour enfin donner à notre existence une valeur réelle face à ce double appel qui nous dédie: la vie occidentale qui semble incontournabledésormais, et la tradition de nos ancêtres que nous portons en nous.
M.J: En 1991, quell est le réel pouvoir d´un chef traditionnel ? Comment voyez-vous l´articulation de ce pouvoir ?
EE: Avant l´arrivée des Blancs au Cameroun, le Chef traditionnel était détenteur de tius les pouvoirs d´Etat, et il s´en est servi à bon escient, surtout à l´arrivée des Blancs. C´est le chef traditionnel qui partout a accueilli les Européens (commercants, politiques ou réligieux) , et il serait peu séreux de penser que le chef traditionnel soit incapable d´avoir une place dans le commandemment moderne. Mais les choses ont évolué et le chef traditionnel ne peut plus être ce chef absolu qu´il a été. Cependant l´expérience a prouvé que dépouiller le chef traditionnel de tous ses pouvoirs sous le couvert du modernisme à outrance ne peut être qu´une erreur.
Le chef traditionnel, en contact permanent avec son people, est une courroie indispensable dans l´administration du pays et doit jouer un rôle important de développement économique, social et culturel de son unite de commandement. Il a besoin d´un pouvoir réel dans ce domaine sans qu´il apparaisse comme un concurrent de l´administration. Toute autre solution aboutirait inexorablement á des solutions du genre de celle que nous venons de connaître.
M.J: Le Président Paul Biya a promis qu´il s´attelerait à la restauration des chefferies traditionnelles. Dans les chefferies Sawa et dans la vôtre en particulier, quells amenagements, quelles prérogatives sont indispensables pour redorer vos armoires et trônes ?
E.E: La chefferie traditionnelle Sawa, comme toutes les chefferies traditionnelles du Cameroun a besoin d´un espace d´expression où elle puisse désormais calaniser toutes les aspirations de son people. Depuis le domaine culturel jusqu´au domaine social et économique, la chefferie traditionnelle doit pouvoir trouver ses marques pour contribuer à la formation d´un Camerounais nouveau trempant ses pieds dans nos coutumes ancestrales et résolument tourné vers la vie moderne.
Pour pouvoir participer à cette oeuvre exaltante, la chefferie traditionnelle a besoin d´une reconnaissance sans equivoque du gouvernement et de l´administration; elle a besoin qu´on lui donne des moyens matériels et moraux pour travailler; qu´on lui reconnaisse désormais une place dans le protocole d´Etat, elle a aussi besoin que les populations soient désormais imprégnées de la nécessité de leur existence; toutes ces measures et d´autres contribueront à redorer le blason, les armoires et le trône de la chefferie traditionnelle.
M.J: A quell type de problèmes l´homme sawa doit faire front aujourd´hui et quelles sont vos possibilities d´interventions pour éclairer son chemin ?
EE: L´homme Sawa en particulier, comme l´homme Camerounais en général doit faire face aujourd´hui à de très nombreux problèmes cohérants à l´évolution de notre Pays, évolution qui a parfois l´aspect d´une véritable révolution..
Le pays évolue vite et l´homme Sawa ne s´y retrouvera que s´il garde des marques. Son appurtenance à une entité sawa est une de ces marques lui permettant d´apporter sa part à l´édification d´un cameroun moderne, multicultural, dans lequel la concurrence regional risque d´être l´un des moteurs du développement.
La tradition Sawa est une tradition de développement fondée essentiellement sur la SOLIDARITE. Il appartient aux Sawa retrouvés d´encourager ce retour à la solidarité. Les tâches sont nombreuses et au fur et à mesure de l´évolution du Ngondo, nous devons nous employer à en trouver des solutions.
Propos recueillis par MANU JEMBA.
Source: Infos Ngondo . Dec 91
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