BONA SAWA

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UN ALBUM JAZZ DE MANU DIBANGO

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SUPPLEMENT CULTURE | 02 Aug 2007


Musique : Manu Dibango dans la peau de Sidney Bechet


Dans son dernier album, le saxophoniste camerounais rend hommage à un pionnier du jazz.
Eugène Dipanda


Les amoureux de Soul Makossa pourraient se montrer répulsifs à la première écoute de l'album. Sur l'ensemble des quatorze titres, Manu Dibango n'a consacré qu'un seul, "Cousin Bechet Blues", au rythme qui l'a révélé à travers le monde. Mais pouvait-il en être autrement ? Le titre de l'album parle en effet de lui-même : "Manu Dibango joue Sidney Bechet". Comme quoi, le célèbre saxophoniste a choisi de revêtir la peau d'un bâtisseur du Jazz, Sidney Bechet, clarinettiste, saxophoniste et compositeur américain décédé le 14 mai 1959 à l'âge de 62 ans, à qui il rend longuement hommage. Une vénération, presque, pour celui que l'on dit être "à l'origine de la première critique de jazz un peu sérieuse".

D'une façon générale cependant, c'est à l'ensemble de la musique originaire des bayous de la Nouvelle Orléans où est né Bechet que Manu Dibango fait un clin d'œil. Son album de 14 plages paru le 8 mars 2007 chez Cristal Records, connaît ainsi une percée remarquable dans le marché du disque américain. Après 50 ans de carrière musicale, Manu Dibango fait donc un grand bond vers "ses premières amours", le Jazz. En collaboration avec un vibraphoniste de renom, Dany Doriz, le vieux briscard revisite "la musique oubliée du Cousin Sidney". Avec tout ce que cela comporte comme "sonorités d'instruments originaux, et interprétations pleines d'humour et de poésie". A cet égard, les titres comme "Petite Fleur", "Oignons", "Si Tu vois ma Mère", "Les Rues d'Antibes"… sont, de l'avis des critiques, de véritables chef-d'œuvres !

Le Fonds national d'art contemporain (Fnac) de France, n'est pas moins laudateur sur le disque de Manu Dibango. "Manu a traversé un demi-siècle musical avec l'humilité et l'élégance qu'on lui connaît. Souvent visionnaire, il a fait émerger la musique africaine en la rendant accessible au plus grand nombre. Initiant les projets avant-gardistes et cultivant une profonde culture du jazz, il est une sorte de Quincy Jones "à la française" qui bâtirait un pont entre l'Afrique et l'Occident et ignorerait délibérément les frontières. Bien qu'il ait collaboré avec des orchestres symphoniques, sa grande passion demeure le jazz, auquel il rend hommage à travers la musique du multi instrumentiste Sydney Bechet. Entouré d'un quintette rodé au style New Orleans, il revisite Les Oignons et Petite Fleur avec humour et poésie…", dit-on là-bas.

Entièrement arrangé et réalisé par Manu Dibango, cet album présente en effet un artiste pleinement accompli, dont les musiciens comme Patrice Galas (piano), Didier Havet (tuba) et Dany Doriz (vibraphone), n'ont pas hésité un seul instant à accompagner dans sa nouvelle aventure mélodieuse. 50 ans après ! Et le résultat est un bonheur d'écoute. A 73 ans, le célèbre chauve prouve là, qu'il demeure effectivement "l'un des exemples les plus naturels du métissage des musiques africaines et du jazz". De l'avis d'un fan, l'album "Manu Dibango joue Sidney Bechet" est, en effet, "un véritable antidépresseur inoculé par des musiciens de haut niveau".

Repères
Album : Manu Dibango joue Sidney Bechet
Auteurs compositeurs : Sidney Bechet, Louis Amstrong, Manu Dibango…
Interprète : Manu Dibango
Production : Blue Line Productions et Manu Dibango
Editeur : Abeille
Date de parution : mars 2007
A écouter : "Les oignons", "Dans les rues d'Antibes", "Halle Hallelujah", "Cousin Bechet Blues"…



07/08/2007
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