BONA SAWA

BONA SAWA

UN JEUNE SAXOPHONISTE SAWA PLUS QUE TALENTUEUX

 

Missounga de Jean-Jacques Elangué : A heavy Sax is born 

 

Par Ezezek                                                                         

28/03/2006

 

 

Qui est donc cet impertinent subsaharien, robuste et typé, bien monté sur une carrure de bantu, qui commence à collectionner comme rarement sax africain l'a fait, les critiques jalousées des magazines spécialisés de Jazz ? Ne cherchez plus, c'est n'est ni plus ni moins que Jean-Jacques Elangué, qui a signé en 2005 un brûlant cri sax jazz tiré du tréfonds de ses tripes «Missounga», après une première carte de visite sous forme d'autoproduction, Héritages [1998]. 

  

Le sax ténor d'Elangué raconte le voyage intérieur et l'expérience existentielle de ce passionné des premières heures de la tradition pré et post coltranienne, qui trouve une sérénité en Monk, en déclinant astucieusement son viatique africain.

 

Le brillant saxophoniste est d'abord une bête d'exigence musicale. Premier prix de conservatoire à Marseille en 1995, Jean-Jacques Elangué qui enseigne la musique, s'impose une lecture des plus rigoureuses et des plus fines des univers qu'il aborde. Ainsi, son écriture en progression constante ne s'exonère aucun effort d'approfondissement des thèmes qu'il joue. Pour l'interprétation comme pour ses compositions personnelles, Elangué passe par la case piano. Là il peut en jouant toutes les nuances harmoniques, grammaticales, donner la quintessence de sa légende personnelle exprimée dans les fulgurances, contrastes et éruptions de son sax ténor en relecture permanente des standards et du vivant. C'est ce que l'artiste nomme lui-même «la lecture horizontale -le thème- et verticale -la richesse des accords-», double en dehors duquel, la musique perdrait l'essentiel de sa substance !

 

 Avant l'aboutissement de son projet «Missounga» en 2005, Jean-Jacques Elangué s'est frotté à des expériences diversement enrichissantes dans les directions complémentaires d'un Jazz conventionnel, et d'une vibration plus idiosyncrasique. Côté standards, le sax évolue notamment avec un quartet très relevé -Alain Jean Marie au piano- qui se retrouve autour de thèmes contemporains à l'instar de «Serra Do Mar» de McCoy Tyner ou «Brigitte» de Freddy Hubbard. Le cru le plus épicé du rendu d'Elangué transpire abondamment, non sans élégance -toujours !- des prestations du groupe qu'il a fondé, Los Africanos, une dream team en soi : Mario Canonge le canon Jazz et Jazz caraïbe, le génial Lindley Marthe, nouvelle coqueluche de la Jazz basse et chouchou de Joe Zawinul, Félix Sabal Lecco batteur flamboyant courant le monde de projets en projets, sans oublier le trompettiste et bugliste Nicolas Genest un régal de solos et d'inspiration.  

 

 «Missounga» propose une construction où la place accordée à la distinction et à une aisance éclairée du discours élaboré s'équilibre avec l'impétuosité du souffle vital qui balaie par surprises et irrévérences, le velours à-propos des mélodies savantes. Des accents funky, africains, caribéens mazurka, font la paix avec un Teru du maître Wayne Shorter pas si short que ça, et la composition d'ensemble s'affirme entre puissance, sens et classe à toute épreuve.

 

 On comprend que des personnalités comme Brice Wassy ou les métissages Jazz de Claudine François se soient imposées les services d'une espèce de New Prèz -référence à son maître au sax Lester Young-, et la maison Cristal records n'a pas fini de mettre le sax ténor à contribution dans les arrangements -Tribute to the Mother of Groove -, la composition et les performances de l'instrumentiste.

 

 «Missounga» a tout pour plaire à ceux qui seraient d'écoute pour un jazz exigeant, cultivé, surprenant par la myriade d'influences qu'il ingère entre Afrique et Amériques et toujours honorablement fêlé d'une profusion d'improvisations débordant d'inspiration et d'énergie.

 

 Actualité Jean-Jacques Elangué sera le Jeudi 30 Mars 2006 à 21H30 en concert

 

Au Duc des Lombards 42, rue des Lombards 75001 Paris Métro Châtelet Les Halles

 

Formation : Jean-Jacques Elangué (sax) Alain Jean-Marie (p), Manu Marches (cb), John Betsch (dms)

  

En guise de bio  

 

Né à Clamart le 1er août 1967 de parents Camerounais, il étudie la musique en autodidacte en suivant ses études au collège Vogt de Yaoundé (Cameroun), et développe sa connaissance du Jazz à travers la musique de Charlie Parker.

 

Il participe au festival "Jazz sous les Manguiers" à Yaoundé de 1990 à 1993 et y rencontre Pharoah Sanders.

  

Il revient en France en 1992 pour participer au spectacle "Dom Juan" mis en scène par Alexandre Fabre. Il compose la musique de la pièce d'Yves Borrini "Pourquoi j'ai mangé mon père" d'après Roy Lewis. Il enregistre avec le groupe "Tchokola" du batteur Brice Wassy.

 

 Il intègre la classe de Jazz du CNR de Marseille et décroche un premier prix en 1995 avec le saxophoniste Raphaël Imbert. Il fonde la même année le Hemlé Orchestra qui se produit à la Cité de la Musique à Marseille, au Théâtre des Salins à Martigues, au Festival International des Big Bands d'Aix en Provence, à la "Fiesta du Sud" de Marseille en 1996...

 

En 1996, il tourne avec le batteur Brice Wassy en Afrique du Sud, à Berlin, enregistre à Londres et part au Cameroun avec le Quartet de la pianiste Claudine François avec laquelle il continue de se produire, en duo ou dans différentes formations, Métis Quintet notamment.

 

Il enregistre en Irlande et tourne en Europe, au Maroc, à Singapour et en Chine avec le groupe Accoules Sax. Il joue avec son propre trio et fonde un quartet de saxophones.

 

Il obtient le diplôme d'état de jazz, et enseigne aux Conservatoires de Marseille et de Niort.

 

Il réalise une prestation exceptionnelle avec plus de 100 musiciens sous sa direction lors des festivités marquant les 2600 ans de Marseille, ainsi qu'une partie de la "Marceleste" en 2000.

 

Il rejoint Boogaloo Baby en 2002 et fonde le groupe Los Africanos avec le trompettiste et bugliste Nicolas Genest, le pianiste Mario Canonge, le bassiste Lindley Marthe et le batteur Félix Sabal Lecco avec lequel il enregistre en septembre 2004 à Paris.

 

 Extrait de la critique du magazine de jazz Jazzman n° 113 Edition Mai 2005

 

 

REUSSI

« Discret, mais très actif, le saxophoniste Jean-Jacques Elangué développe une esthétique qui raconte, entre les lignes, la biographie de ce musicien né en 1967 à Clamart de parents camerounais. C'est autour de cette identité entre deux mondes qu'il a grandi. Depuis quinze ans, cet admirateur de Lester Young a multiplié les rencontres, dont celle notable avec l'excellent Brice Wassy, tout en continuant à parfaire son jeu et son écriture. Pour preuve, cet enregistrement témoigne de la vigueur de son phrasé et plus encore d'un sens de la composition empreint de la tradition du jazz tel que pensé au cours des années 1960. Et ce n'est pas un hasard si l'unique reprise est signée Wayne Shorter (Teru). Pour autant cet univers se nourrit des couleurs de chacun de Los Africanos, groupe fondé il y a moins de trois ans. Nicolas Genest s'y taille (comem souvent) de forts beaux solos, tandis que la rythmique se montre aussi solide que souple, véloce sur les tempos rapides que sensuelle sur les ballades. Jusque dans le final avec This is You, avec Emmanuel Djiob invité à chanter dans un registre qui devrait combler les amateurs de jazz soul, évoquant les belles voix des bluesy seventies. »

 

JAZZMAN, 3 étoiles, Jacques Denis, mai 2005

 

  

 

 

 

 

 

 

 



02/06/2006
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